Niger : Une action urgente s’impose alors qu'une crise alimentaire frappe les communautés

A woman, Jamila, and her children collect their first round of cash assistance from the Niger Red Cross at a distribution in July 2022 to help them cope with the hunger crisis affecting the country.

Une femme, Jamila, et ses enfants recoivent leur premier versement du cash de la Croix-Rouge nigérienne en juillet 2022. L'argent les aidera à surmonter la crise alimentaire dans le pays.

Photo: IFRC/Moustapha Diallo

Il est tôt le matin et le soleil commence à darder ses rayons brûlants annonçant une chaude journée de juillet 2022. De longues files d’attente sont visibles dans la cour de l’école primaire de Gorou Kirey, dans la banlieue lointaine de Niamey, la capitale du Niger. Le site accueille une opération de distribution de cash de la Croix-Rouge nigérienne en faveur des communautés touchées par la crise alimentaire. Boubacar Alzouma était parmi les premières personnes à arriver sur le site.

« Il était hors de question de rater cette distribution, car il n’y avait rien à préparer à la maison aujourd’hui », explique ce cultivateur de 76 ans, en s'appuyant fortement sur sa canne. « C’est gênant de le dire, mais il y a des jours où nous n’avons rien à manger à la maison », ajoute Boubacar.

Boubacar Alzouma, un cultivateur de 76 ans, se tient debout avec sa famille devant sa maison dans une banlieue isolée de Niamey en juillet 2022.

Boubacar Alzouma, un cultivateur de 76 ans, se tient debout avec sa famille devant sa maison dans une banlieue isolée de Niamey en juillet 2022.

Photo: IFRC/Moustapha Diallo

Les mauvaises récoltes de l’année dernière, dues à des pluies irrégulières et insuffisantes, ont mis sa famille au bord de la famine. Il n’a récolté que deux sacs de son champ de deux hectares de mil, de sorgho et de niébé. Insuffisant pour nourrir ses 21 enfants. Pour faire face à la crise alimentaire, Boubacar a pris la difficile décision de vendre tout son bétail.

« Notre plus grand espoir est d’avoir de bonnes précipitations cette année. Sinon, ce sera à nouveau une catastrophe », déclare Boubacar.

Après avoir reçu le cash de la Croix-Rouge nigérienne, Boubacar s’est précipité pour acheter de la nourriture. Sans cette aide, sa famille se serait certainement couchée le ventre vide.

La crise alimentaire a touché quelque 4,4 millions de personnes au Niger, en raison des effets combinés des chocs climatiques et de l’insécurité. Et l’histoire de Boubacar parle pour des millions de personnes qui vivent une situation similaire.

Pour aider les gens à faire face, la Croix-Rouge nigérienne a distribué du cash à près de 6,000 ménages affectés à travers le pays (sur les 22 000 ciblés), grâce à son plan de réponse soutenu par l’IFRC et d’autres partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. L’assistance comprend également la distribution de colis alimentaires dans certaines régions et d’aliments de bétail afin d’aider les familles agropastorales à protéger leurs moyens de subsistance.

La Croix-Rouge nigérienne met également en place des centres de nutrition communautaires pour dépister et orienter les enfants souffrant de malnutrition vers les centres de santé. Toutefois, il en faudrait plus pour éviter que la situation ne se détériore davantage.

« Une réponse rapide et renforcée est nécessaire pour sauver des vies, car la soudure précoce a poussé de nombreuses familles au point de rupture », déclare Thierry Balloy, chef de la délégation du Cluster de l’IFRC au Niger.

Des cultivateurs à Zinder, Niger, labourent le sol en juillet 2022 pour rétablir l'agriculture suite à des pluies irrégulières et insuffisantes.

Des cultivateurs à Zinder, Niger, labourent le sol en juillet 2022 pour rétablir l'agriculture suite à des pluies irrégulières et insuffisantes.

Photo: Niger Red Cross

L’ampleur de la crise alimentaire a incité l’IFRC à lancer un appel d'urgence de cinq millions de francs suisses pour aider la Croix-Rouge nigérienne à assister 283 000 personnes (40 547 ménages). Les fonds collectés serviront à fournir du cash et un soutien nutritionnel aux personnes les plus vulnérables, tout en mettant place des solutions à long terme de renforcement de la résilience communautaire. Les familles agropastorales les plus vulnérables seront également aidées à restaurer leurs moyens de subsistance. Seuls 30 % de l’appel sont encore couverts.

L’avenir de Boubacar, et celui de nombreux autres cultivateurs comme lui au Niger, reste incertain. Mais malgré les défis auxquels lui et sa famille sont confrontés, il garde espoir.

« Si je reçois un deuxième financement et que les prochaines récoltes sont bonnes, je vais renouveler mon bétail. Ceci nous aidera à faire face éventuellement aux difficultés de la prochaine période de soudure", déclare Boubacar.

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