De la salle de classe à la ligne de front : Au lendemain d'une crise, « Teacher Honey » passe du statut d'éducateur à celui d'intervenant d'urgence
Depuis treize ans, Honey Thin, affectueusement appelée « Teacher Honey » par ses élèves et collègues, consacre sa vie à l'éducation.En tant que directrice adjointe et responsable du département d’anglais à l’école internationale Sunflower Myanmar de Mandalay, elle joue un rôle essentiel dans la formation des jeunes esprits, enseignant l’anglais dans le cadre du programme du Certificat général international de l'enseignement secondaire (IGCSE).Mais lorsque qu’un violent tremblement de terre a frappé sa ville natale de Mandalay, la vocation de Teacher Honey a dépassé les murs de la salle de classe. Elle se souvient encore avec précision du jour où le séisme a frappé, le 28 mars 2025.« J’étais à l’école après la pause déjeuner, sur le point de retourner dans ma classe, lorsque le sol a commencé à trembler », se souvient-elle.Honey a rapidement rassuré ses deux collègues qui se trouvaient avec elle, leur demandant de rester calmes, pensant qu’il ne s’agissait que d’une légère secousse, comme celles qu’elle avait déjà connues.Cependant, les secousses se sont rapidement intensifiées, si bien qu’elle et son équipe se sont abritées sous leurs bureaux pour se protéger.Lorsque le tremblement s’est calmé, un autre enseignant a ouvert la porte et a demandé à tout le monde d’évacuer immédiatement, sans prendre le temps de récupérer leurs affaires. Ensemble, ils ont conduit plus de 400 élèves, âgés de cinq à quinze ans, du troisième étage vers la sortie. Par chance, tous ont pu sortir sains et saufs, sans aucune blessure.Ce n’était pas la première expérience de Honey dans le domaine de l’aide humanitaire. En septembre 2024, elle et son équipe scolaire avaient collaboré avec la Croix-Rouge du Myanmar pour fournir des articles de première nécessité aux familles touchées par les inondations dans la région de Mandalay, lors du passage du typhon Yagi.Cette première collaboration, qui marquait également son tout premier contact avec la Croix-Rouge du Myanmar, l’avait profondément marquée et avait renforcé sa volonté de jouer un rôle plus actif lorsque le tremblement de terre a frappé.« Avant le séisme, mes journées étaient rythmées par l’enseignement, les études, la gestion de l’équipe pédagogique et la communication avec les parents », confie Honey. Cependant, face à l’ampleur des destructions causées par le tremblement de terre, elle a ressenti un profond besoin d’agir davantage.Dix jours seulement après la catastrophe, elle a rejoint la Croix-Rouge du Myanmar en tant que volontaire, déterminée à contribuer aux efforts de secours et de relèvement dans sa communauté.« Je suis une personne ordinaire. Au début, je me suis sentie perdue et frustrée pendant le tremblement de terre, ne sachant pas s’il fallait rester ou fuir. Mais je me suis calmée et j’ai trouvé la force de résister. J’ai compris que la communauté avait besoin de nous et j’ai décidé d’aider du mieux que je pouvais. C’est pour cela que j’ai choisi de devenir volontaire à la Croix-Rouge. »Aujourd’hui, Teacher Honey conjugue son rôle dans l’éducation avec son engagement humanitaire. Elle soutient les efforts de réponse au tremblement de terre en pulvérisant des pesticides pour prévenir les maladies, en assistant les cliniques mobiles, en distribuant de l’eau potable purifiée et en menant des évaluations communautaires pour identifier les besoins urgents.À travers toutes ces expériences, elle a été confrontée à un large éventail de défis humanitaires bien au-delà de sa salle de classe.« En seulement six jours, j’ai travaillé dans six endroits différents et assuré six missions différentes. Je suis à la fois excitée et fière de moi », confie Honey.Après le tremblement de terre, Teacher Honey a poursuivi l’enseignement en ligne, veillant à ce que l’apprentissage de ses élèves ne soit pas interrompu.Malgré les nombreux défis engendrés par la catastrophe, elle reste fidèle à son engagement envers l’éducation. Grâce aux plateformes numériques, elle maintient le lien avec ses élèves, leur offrant une continuité pédagogique malgré les conséquences du séisme.Pour Teacher Honey, l’éducation ne se limite pas aux leçons données en classe : elle constitue un vecteur de stabilité, d’espoir et de compétences essentielles à la vie, même en période de crise. Cette approche s’inscrit dans les principes de l’initiative d'éducation de la Croix-Rouge (RED Education), une initiative mondiale portée par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), qui vise à renforcer l’accès à l’éducation dans les espaces formels et non formels pour les enfants et les jeunes, avant, pendant et après les catastrophes ou crises. Elle promeut la résilience communautaire, le partage des connaissances et l’autonomisation des communautés.« Avant, mon monde se limitait essentiellement à la salle de classe — un petit espace. Aujourd’hui, je vois l’impact beaucoup plus large que nous pouvons avoir, même au milieu des bâtiments en ruine et des vies bouleversées. »