Mauritanie : des milliers de familles en situation d'insécurité alimentaire ont besoin d'une aide d'urgence alors que le Sahel est confronté à une crise alimentaire
Il fait chaud à N'Beika, une commune du département de Moudjeria située au centre de la Mauritanie, et les températures peuvent facilement dépasser les 40°C, en cette fin de matinée. Il est difficile de croire qu’il y a neuf mois, 90% de la commune a été submergée par de fortes pluies et des inondations.
Mohamed Lemine Ould Mohamed Moctar, un cultivateur de 65 ans et père de sept enfants, regarde son lopin de terre, le regard distant. Il espère que cette fois-ci, la saison des pluies sera bonne et sans dommages et que les récoltes seront au rendez-vous.
«Je n’ai rien récolté l’année dernière. Tout mon champ de sorgho a été ravagé par les inondations. Au moins, l’année précédente, j'avais pu récolter quelques petits sacs, malgré le manque de pluie», explique Mohamed.
Ici, à Moudjeria, comme à Guerrou et Barkeol, les deux autres départements les plus touchés par l’insécurité alimentaire en Mauritanie, cette année, la plupart des habitants vivent de l’agriculture et de l’élevage traditionnels. Une situation qui les rend très dépendants des précipitations.
Pendant des années, le manque d'eau a été le principal obstacle à une agriculture florissante dans cette communauté nichée sur un plateau à quelque 100 mètres au-dessus du niveau de la mer. Mais l’année dernière, les pluies ont été beaucoup plus abondantes que prévu, provoquant des inondations qui ont anéanti les récoltes.
Ces inondations ont sérieusement endommagé les moyens d’existence des communautés et plongé de nombreuses familles en Mauritanie dans l’insécurité alimentaire. Selon les résultats du Cadre Harmonisé de mars 2023, prés d’un demi-million de personnes en Mauritanie, pourraient être confrontées à l’insécurité alimentaire pendant la période de soudure allant de juin en août 2023.
«Chaque jour est une bataille pour survivre. Les céréales, la viande et les produits alimentaires de base pour nourrir ma famille sont presque inabordables depuis que j'ai perdu mon seul espoir de revenu lors des dernières inondations», ajoute Mohamed.
Malheureusement, les communautés mauritaniennes ne sont pas les seules à être confrontées à ce problème. La région du Sahel, en Afrique subsaharienne, connaît l’une des pires crises d'insécurité alimentaire depuis des décennies, affectant des millions de personnes.
«Il est inquiétant de constater la détérioration de la sécurité alimentaire au Sahel. Des conditions préexistantes telles que la sécheresse et les inondations, les chocs climatiques, les conflits régionaux et internationaux et la hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants font grimper les taux de faim et de malnutrition. A chaque fois, ce sont les plus vulnérables qui subissent les conséquences d’un contexte complexe, accentué par des inégalités croissantes» explique Alexandre Claudon de Vernisy, chef de la délégation de l’IFRC pour le Cap-Vert, la Gambie, la Mauritanie et le Sénégal.
En réponse à cette urgence, l’IFRC a lancé un appel de 215 millions de francs suisses en octobre 2022 pour soutenir 7,6 millions de personnes parmi les plus touchées par l’insécurité alimentaire dans 14 pays d’Afrique subsaharienne. La Mauritanie est le dernier pays à avoir rejoint l’appel régional en mai 2023, portant le nombre total de pays à 15.
Le Croissant-Rouge mauritanien (CRM) a besoin de 2 millions de francs suisses dans le cadre de cet appel afin d’aider plus de 80 000 personnes comme Mohamed, touchées par l'insécurité alimentaire dans les communes de Barkeol, Guerrou et Moudjeria.
Dans le court terme, ce financement permettra de distribuer du cash à plus de 2 700 familles afin de les aider à satisfaire leurs besoins essentiels. Il permettra également aux volontaires du CRM de fournir des services de santé communautaire et de dépistage de la malnutrition à plus de 2 500 familles afin de répondre à leurs besoins immédiats en matière de santé.
A plus long terme, le financement vise à renforcer la résilience des communautés mauritaniennes afin qu’elles soient mieux préparées aux futurs chocs climatiques. Le CRM:
Mettra en place trois «écoles d’agriculture» pour enseigner à des centaines d’agriculteurs des techniques agricoles respectueuses du climat, telles que la conservation de l’humidité du sol, l’utilisation de semences appropriées et de cultures adaptées, afin qu’ils puissent obtenir des rendements plus fructueux et plus fiables;
Aidera 30 villages à constituer des stocks de sécurité alimentaire en achetant des céréales après la période de récolte afin que leur prix soit moins élevé lors de la prochaine période de soudure;
Soutiendra les clubs de mères de la région qui aident les femmes à reconnaître et à combattre les signes de malnutrition chez leurs enfants.
«La période de soudure s’annonce longue et difficile. Sans l’aide du Croissant-Rouge, nous avons très peu d’espoir», déclare Mohamed.
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Pour plus d’informations sur la crise et pour les donations à l’appel d’urgence de l’IFRC, merci de visiter le lien suivant: Afrique: Crise Alimentaire.
Volcan Nevado del Ruiz : Se préparer à une éruption
Le 30 mars, le service géologique colombien a relevé le niveau d'alerte du volcan Nevado del Ruiz, dans le centre de la Colombie, de jaune à orange, ce qui signifie une éruption probable dans les jours ou les semaines à venir.
S'il est impossible de savoir exactement quand et comment un volcan entrera en éruption, il est possible de surveiller son activité et de prendre des mesures précoces pour minimiser son impact potentiel sur les communautés vivant à proximité - et c'est exactement ce que font les équipes du réseau de l'IFRC en ce moment même.
Le Nevado del Ruiz est un volcan explosif. Ses éruptions entraînent la fracturation de la roche et l'expulsion rapide de gaz et de fluides - appelés «coulées pyroclastiques»- à des vitesses et des températures élevées.
Mais il existe aussi un risque supplémentaire tout à fait unique: comme il s'agit de l'un des volcans les plus élevés de la région, qui culmine à plus de 5 000 mètres, il est recouvert de neige et possède une épaisse calotte glaciaire.
Le problème est que cette calotte glaciaire fond, comme ce fut le cas lors de l'éruption de 1985, lorsque des avalanches d'eau, de glace, de roches et d'argile ont dévalé les flancs du volcan, effaçant la ville voisine d'Armero et tuant plus de 25 000 personnes.
Pour se préparer à ce risque, la Croix-Rouge colombienne a activé son plan d'action général.
Ce plan définit les mesures de préparation à prendre en fonction des différents niveaux d'activité volcanique, notamment si le niveau d'alerte passe d'orange à rouge, ce qui signifie que le volcan est en train d'entrer en éruption ou qu'il va entrer en éruption à tout moment.
Grâce au financement anticipé du Fonds d'urgence pour les réponses aux catastrophes (DREF) de l'IFRC, les équipes de la Croix-Rouge colombienne ont travaillé d'arrache-pied pour préparer leurs volontaires et leurs communautés au pire des scénarios.
Elles ont reformé les volontaires aux premiers secours, à l'évacuation et à la coordination des urgences, et ont réapprovisionné les articles essentiels aux interventions d'urgence tels que les trousses de premiers secours, les articles d'identification pour les premiers intervenants et le matériel de signalisation d'urgence.
Ils ont également partagé autant d'informations que possible avec les communautés locales autour du Nevado del Ruiz : en avertissant les familles à risque d'évacuer, en leur expliquant comment et où évacuer en toute sécurité, et en distribuant des radios et des piles aux personnes vivant dans des zones difficiles d'accès afin qu'elles puissent rester informées.
Mais certaines familles hésitent à partir et rejettent les conseils d'évacuation des autorités locales et de la Croix-Rouge colombienne. À première vue, cela peut être difficile à comprendre : pourquoi ne pas vouloir s'éloigner d'un volcan qui est potentiellement sur le point d'entrer en éruption ?
La réponse n'est pas simple. Les nombreux agriculteurs qui dépendent des riches sols volcaniques entourant le Nevado del Ruiz ne voudront peut-être pas quitter leurs propriétés ou leurs animaux et abandonner le gagne-pain dont ils dépendent. D'autres personnes ne peuvent tout simplement pas, ou choisissent de ne pas, croire qu'une chose aussi horrible que l'éruption de 1985 puisse jamais se reproduire.
En ce moment même, la Croix-Rouge colombienne, l'IFRC et leurs partenaires se réunissent dans la région pour intensifier les efforts de préparation. Il s'agit notamment de mettre l'accent sur l'engagement communautaire afin de comprendre les pensées et les craintes de la population et de la convaincre d'évacuer.
Ils se préparent également à des déplacements massifs de population en cas d'éruption du volcan et tentent d'en réduire le risque. Grâce à l'opération DREF, elles prennent des mesures précoces telles que le renforcement des infrastructures essentielles, la fourniture d'une assistance en espèces et le prépositionnement de nourriture et d'eau potable.
Nous vous en dirons plus sur ces efforts vitaux dans les semaines à venir. En attendant, cliquez ici pour en savoir plus sur le financement des actions anticipatives que nous avons fourni par l'intermédiaire du DREF.
Plus d'informations:
Qu'est ce qu'une éruption volcanique?
Comment fonctionne le pillier anticipatif du DREF
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São Tomé et Príncipe : Des volontaires de la Croix-Rouge prodiguent soins et compassion à des personnes âgées
«Aujourd'hui, grâce au centre, je me sens mieux et j'ai repris goût à la vie.»
Tels sont les mots de Manuel, 81 ans, pensionnaire du centre d'accueil pour personnes âgées de la Croix-Rouge de São Tomé-et-Príncipe, situé dans le district de Lobata, où des volontaires s'emploient chaque jour à redonner sourire espoir à certaines des personnes les plus âgées du pays.
Créé en octobre 2005 grâce à un financement du ministère espagnol des affaires étrangères, le centre d'accueil est géré par la Croix-Rouge de São Tomé et Príncipe depuis près de 20 ans.
Aujourd'hui, les volontaires s'occupent de 18 résidents - des personnes de tous horizons qui ont connu des temps difficiles et qui ont besoin d'un peu d'aide pour s'en sortir.
Le cas de Manuel, par exemple, est une histoire tragique qui l'a conduit jusqu'au centre.
Il a longtemps travaillé pour l'ambassade du Portugal. Mais des difficultés financières l'ont empêché de construire la maison de ses rêves, celle où il espérait passer ses vieux jours. Lorsqu'il prit sa retraite, il quitta sa maison pour s'installer chez sa fille.
Une nuit, alors qu'ils sont chez eux, un énorme incendie se déclare. Manuel perdit tout, y compris sa précieuse fille.
Désemparé et complètement perdu, il trouva soutien et réconfort au centre de la Croix-Rouge après avoir été approché par un volontaire de sa communauté qui avait remarqué son désarroi.
« Aujourd'hui, grâce au centre, je me sens mieux et je reprends goût à la vie. Je suis suivi par un médecin, j'ai un toit, un repas chaque jour et des amis à qui parler.»
Manuel
Résident
Le centre a beaucoup évolué au cours des 20 dernières années.
« Le projet initial consistait à fournir un foyer et une assistance de base aux personnes âgées qui avaient été rejetées par leur famille. Mais au fil du temps, nous l'avons transformé en un véritable centre d'accueil où nous prenons en charge les besoins plus complexes de nos résidents», explique Filippa Fernandes, volontaire et directrice du centre.
«Nous nous efforçons de leur offrir un environnement où ils peuvent s'épanouir en prenant soin de leur santé physique et mentale»ajouta t-elle.
La camaraderie et la conversation sont des éléments importants du soutien à la santé mentale des personnes âgées de la communauté. C'est pourquoi la Croix-Rouge de São Tomé et Príncipe gère également un centre social à proximité, qui ouvre ses portes tous les jours, permettant à toutes les personnes âgées de la communauté de venir se rencontrer.
Ensemble, tous les visiteurs peuvent passer la journée dans un endroit sûr et paisible où ils ont accès aux commodités de base, telles que la nourriture et les toilettes.
Ronaldo est l'un des sept volontaires qui s'efforcent de maintenir le centre en activité. En tant que directeur et cuisinier, il gère les activités quotidiennes du centre, mais il se rend également dans la communauté pour livrer des repas aux personnes à mobilité réduite.
«Nous faisons de notre mieux pour nous assurer que personne n'est laissé pour compte. »
Ronaldo, Volontaire de la Croix-Rouge
Trop souvent, dans les sociétés du monde entier, les personnes âgées sont mal desservies, mises de côté ou considérées comme un fardeau. Mais grâce à la bonté de volontaires de la Croix-Rouge comme Ronaldo et Filippa, les personnes âgées de leur communauté sont traitées avec la dignité, le respect et l'attention qu'elles méritent.
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Le centre pour personnes âgées La Santa Casa de Misericordia reçoit des fonds des églises et associations locales, ainsi que des membres de la diaspora. Le centre social a été initialement créé grâce au financement du fonds conjoint de l'IFRC et du CICR Empress Shôken. En 2022, l'IFRC a fourni des kits d'eau, d'assainissement et d'hygiène à tous les résidents.
Si vous êtes un donateur et que vous souhaitez en savoir plus et soutenir le travail de l'IFRC à São Tomé et Príncipe, veuillez lire notre plan pays du réseau de l'IFRC ici, qui comprend les coordonnées de notre bureau multipays dans la région.
Vous pouvez également cliquer ici pour en savoir plus sur le travail de l'IFRC en faveur du vieillissement en bonne santé.
Soutien aux sans-abri en Espagne : Les volontaires de la Croix-Rouge espagnole offrent une chaleureuse étreinte lors des froides nuits d'hiver
Quatre bougies sur une table instable constituent le seul moyen de chauffage et d'éclairage de la maison de fortune de Sonia et José Antonio, dont les quatre murs semblent tenir par miracle.
Pour éclairer, les bougies font leur travail, du moins pour le minuscule espace de vie. Pour le chauffage, les bougies ne suffisent pas : par une nuit froide de 6 degrés à l'extérieur comme à l'intérieur.
Les toux sèches répétées de Sonia, 38 ans, ne sont qu'une conséquence du manque de chaleur. Le genre de froid qui pénètre dans les os.
«Ils devraient lui donner une carte VIP à l'hôpital», plaisante José Antonio, en énumérant ses affections pulmonaires.
Ils sont en couple depuis quatre ans, presque aussi longtemps qu'ils vivent entre ces quatre murs au milieu d'un site qui était autrefois une importante usine de camions dans la banlieue d'Alcalá de Henares, à Madrid.
Ce soir, comme tant d'autres, ils reçoivent la visite de Juani et Basilio, deux volontaires des équipes de soins aux sans-abri de la Croix-Rouge espagnole. Ils ont apporté de la nourriture, comme le sentent les deux chiots mastiffs, qui cherchent sans cesse des câlins auprès des bénévoles.
«Allez, descendez de là,» dit José Antonio à ses chiots, «Il ne faut pas être câlin, il faut défendre la maison»,dit-il en se lamentant. Un générateur leur a récemment été volé, et avec lui, leur chauffage.
Les volontaires de la Croix-Rouge conseillent le couple sur certaines aides qu'ils peuvent offrir, les démarches administratives, mais, surtout, ils passent du temps avec eux.
«Notre principal travail consiste à les écouter, à les amener à s'ouvrir. Imaginez que vous vivez seul, dans la rue, et que vous n'avez personne à qui parler du moment où vous vous levez jusqu'au moment où vous vous couchez», explique Basilio, un ancien militaire, qui en est à sa deuxième année de volontariat dans le programme d'aide aux sans-abri.
L'itinéraire de Juani et Basilio les mène ensuite aux vestiaires inachevés d'une installation sportive de la région. Il n'y a pas de fenêtres, pas de portes, pas d'électricité, pas d'eau. Le "locataire" actuel, Javier, arrive peu après à vélo.
À la lumière des téléphones portables, en marchant parmi les décombres, on peut voir des matelas déchirés, des vêtements jetés et des boîtes de conserve vides.
Mais les rires commencent. Javier s'est trouvé une nouvelle petite amie et montre fièrement des photos d'elle aux volontaires Juani et Basilio sur son téléphone portable. Il est très heureux avec elle. Sa dernière petite amie le battait.
« C'est le principal problème, les dépendances que beaucoup de personnes avec lesquelles nous travaillons portent avec elles et la violence qui les accompagne», souligne Basilio.
L'itinéraire nocturne de Juani et Basilio les conduit ensuite dans un vieil entrepôt situé dans une zone industrielle d'Alcalá. Là, ils riront encore et feront quelques blagues avec Moisa, 68 ans, d'origine roumaine.
Moisa a réussi à transformer le vieil entrepôt en quelque chose qui ressemble à une maison. Il a même un téléviseur sur lequel il regarde des films de cow-boys, le genre démodé qu'il aime.
Alors qu'il allume une cigarette, sous le regard désapprobateur de Juani et Basilio, ils commencent à parler du divin et de l'humain et passent rapidement de la politique à des sujets plus légers, comme la chanteuse Carla Bruni.
Après avoir déposé de la nourriture, Basilio et Juani entament le voyage de retour vers le siège de la Croix-Rouge à Alcalá.
Ils sont un peu tristes, disent-ils. Ils ont récemment perdu un ami de la rue. Un "membre de la famille", comme ils l'appellent. Parce que, pour eux, ils sont tous comme une famille.
«Au moins, il n'est pas mort dans la rue, ils ont pu l'emmener à l'hôpital et il est décédé dans un lit»,souligne Basilio.
«Malgré tout, nous devons continuer, nous ne pouvons pas ramener nos problèmes à la maison et laisser les situations que nous vivons nous briser ; je peux aider si je suis bien, si je souris», dit Juani, qui a déjà été en congé de maladie par le passé lorsqu'une autre personne qu'il soutenait est décédée.
Soutien complet aux sans-abri
Juani et Basilio sont deux des plus de 5 000 volontaires de la Croix-Rouge espagnole qui travaillent avec les sans-abri en Espagne.
La Croix-Rouge espagnole gère 77 unités d'urgence sociale (UES) à cet effet dans près de 40 provinces. En outre, elle offre 800 places dans des logements temporaires pour les moments critiques et gère 31 centres de jour dans lesquels elle peut proposer des douches, des services de blanchisserie ou de cantine en cas de besoin.
Faisant partie d'un réseau plus large d'organisations offrant un soutien aux sans-abri, ils peuvent également orienter ou transporter les personnes qui ont besoin d'aide vers d'autres logements ou services si nécessaire.
«L'objectif de notre travail n'est pas seulement de fournir des biens de base tels que de la nourriture, un abri et des produits d'hygiène, mais aussi de travailler à l'inclusion sociale des sans-abri», explique Raquel Zafra, responsable du programme à Alcalá de Henares.
«Notre objectif est toujours que les personnes se dirigent vers différents espaces où nous pouvons leur apporter un soutien plus approfondi sous forme de prise en charge sociale, de suivi et d'accompagnement, d'information et d'orientation, de médiation ou d'activités de formation», souligne Mme Zafra.
Grâce aux unités d'urgence sociale, la Croix-Rouge espagnole a aidé plus de 18 000 personnes en 2022.
Migration en Afrique de l'Ouest : La Croix-Rouge offre une oasis d'aide et d'espoir aux migrants à Kolda, au Sénégal.
"Ils sont exposés à la violence, à l'exploitation, aux abus, aux riques sécuritaires, aux violences sexuelles basées sur le genre et à tous types de dangers le long de leurs routes migratoires. Ici nous leur offrons de l'espoir, de la protection, de l'assistance, une orientation et des conseils."
C'est ainsi que Mariama Mballo, assistante sociale, résume le travail effectué au Point de Service Humanitaire (PSH) de Kolda, géré par la Croix-Rouge sénégalaise et l'IFRC dans le sud du Sénégal.
"Le PSH de Kolda est un centre d'écoute, de soutien psychosocial, de conseils et d'assistance pour les migrants.Il offre un espace d'accueil et de conseil anonyme, confidentiel et gratuit." déclare la sociologue de formation de 30 ans, qui y travaille depuis février 2022.
Le Sénégal, historiquement considéré comme un pays de destination pour les migrants en Afrique de l'Ouest, est devenu un pays de transit. En raison de sa situation géographique, les migrants, en particulier ceux qui viennent d'Afrique de l'Ouest, passent par le Sénégal au cours de leur voyage vers les pays du Maghreb ou l'Europe à la recherche d'une vie meilleure.
L'importance du soutien psychosocial
Les déplacements sur des routes migratoires périlleuses peuvent avoir un impact profond sur la santé physique et mentale des migrants.
L'objectif du soutien psychosocial offert à Kolda est d'aider les personnes en déplacement à retrouver une certaine normalité, un équilibre mental et, surtout, d'encourager les personnes à être actives et engagées dans leur propre relèvement en trouvant des mécanismes de défense et de protection qui leur conviennent.
Lorsque les migrants en transit ont des besoins qui ne peuvent être satisfaits au PSH, ils sont orientés vers d'autres services partenaires externes.
"La clé du projet réside dans ses volontaires, en fait, ils sont la "porte d'entrée", ceux qui reçoivent d'abord les migrants, les écoutent et les orientent ensuite vers le travailleur social pour une écoute active et approfondie", souligne Mariama.
Le personnel travaillant à Kolda peut aussi parfois se sentir accablé en écoutant les expériences que leur racontent les migrants lors des séances de conseil.
"Oui, il y a des histoires qui nous choquent, mais nous avons la capacité de les surmonter afin d'offrir aux migrants les conseils et le soutien dont ils ont besoin", déclare Mariama.
Répondre aux besoins très diversifiés des personnes
Les personnes en déplacement peuvent accéder à d'autres aides vitales, comme de la nourriture et de l'eau, à Kolda. De nombreux migrants qui arrivent, notamment des femmes et des enfants, sont restés plusieurs jours sans nourriture alors qu'ils entreprennent leur long voyage dans des régions souvent inhospitalières.
Les volontaires et le personnel de Kolda offrent également aux personnes des conseils utiles et une orientation sur des questions telles que la traite des êtres humains, le rétablissement du contact avec leur famille ou la gestion des documents de voyage importants.
Et, si nécessaire, les migrants peuvent également recevoir une assistance juridique, toujours dans la plus grande confidentialité et protection, de même qu'une aide de base en matière d'habillement et d'hygiène afin d'assurer leur santé et leur bien-être.
"Les personnes qui arrivent au PSH sont souvent dans une situation de vulnérabilité avancée, nous faisons donc tout ce que nous pouvons pour répondre immédiatement à leurs besoins les plus pressants", explique Mariama.
Les volontaires ne se contentent uniquement pas de soutenir les migrants. Ils effectuent également un travail intensif avec la communauté locale afin de sensibiliser et de faire connaître le respect des droits et de la dignité des migrants.
Ce travail important est réalisé dans la plus grande confidentialité, toujours en accord avec nos principes fondamentaux et la politique migratoire de l'IFRC.
Assistance et protection des migrants les plus vulnérables en Afrique de l'Ouest
Kolda n'est qu'un exemple des plus de 600 points de services humanitaires gérés par les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge le long des principales routes migratoires du monde. Il s'agit d'espaces neutres qui offrent aux migrants un environnement accueillant et sûr pour accéder aux services essentiels, quel que soit leur statut et sans crainte d'être détenus ou dénoncés aux autorités.
Depuis le lancement du PSH de Kolda en 2020, qui comprend d'autres petits postes à Tanaff, Salikégné, Diaobé et Pata, les bénévoles ont accueilli et soutenu plus de 1 500 migrants.
Il a été mis en place dans le cadre du projet "Assistance et protection des migrants les plus vulnérables en Afrique de l'Ouest". Financé par l'Union européenne, le projet couvre différentes routes migratoires fréquentées à travers le Burkina Faso, la Gambie, le Mali, le Niger et le Sénégal. Outre les Sociétés nationales de ces pays, le projet implique également l'IFRC, la Croix-Rouge espagnole, la Croix-Rouge danoise et la Croix-Rouge luxembourgeoise.
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Pour plus d'informations, visitez notre pagewebMigration et déplacement pour apprendre plus sur les politiques, programmes et opérations de l'IFRC en matière de migration
Journée internationale des volontaires 2022: Croyons au pouvoir de la gentillesse
Les volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont partout. Vous les trouverez dans votre rue, dans votre communauté locale, aux quatre coins du monde. Vous êtes peut-être même l'un d'entre eux.
Chaque jour, nos millions de volontaires apportent de la gentillesse à ceux qui en ont besoin, peu importe qui ils sont et où ils se trouvent.
Que ce soit en offrant une boisson chaude ou de la nourriture,
en écoutant quelqu'un et en soutenant son bien-être mental,
en livrant des fournitures essentielles ou de l'argent aux communautés isolées,
en donnant ou en enseignant les premiers secours,
en offrant aux personnes en déplacement un espace sûr pour se reposer,
ou en aidant les communautés à s'adapter au changement climatique.
Les actes de gentillesse comme ceux-ci, même s'ils semblent parfois minimes, font une énorme différence dans la vie des personnes en situation de crise.
Parce que la gentillesse est puissante. Et la gentillesse est contagieuse - un petit geste peut en entraîner un autre, et un autre, et un autre.
«Tout au long de l'année, nos millions de volontaires ont apporté espoir et aide à des centaines de millions de personnes dans le monde.»
Jagan Chapagain
Secrétaire Général de l'IFRC
A l'IFRC, nous croyons en nos volontaires. Nous croyons au pouvoir de la gentillesse.
L'humanité, notre premierPrincipe, commence avec la gentillesse.
#SoyonsAimables.
Lors de la Journée internationale des volontaires, comme tous les autres jours, nous remercions profondement nos incroyables et imbattables volontaires
Vous êtes estimés. Vous êtes soutenus. Vous êtes appréciés.
Alliance d'investissement des sociétés nationales : Annonce de financement pour 2022
L'Alliance d'investissement des Sociétés nationales (AISN) est un mécanisme de financement commun, géré conjointement par la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Elle fournit un financement flexible et pluriannuel pour soutenir le développement à long terme des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge - en particulier celles qui se trouvent dans des situations d'urgence complexes et des crises prolongées - afin qu'elles puissent accroître la portée et l'impact de leurs services humanitaires.
L'AISN peut accorder jusqu'à un million de francs suisses de financement accéléréà une Société nationale sur une période de cinq ans. En outre, des subventions relais d'un montant maximal de 50 000 CHF sur 12 mois peuvent aider les Sociétés nationales à préparer le terrain pour de futurs investissements de l'AISN ou d'autres sources.
Cette année, l'AISN a le plaisir d'annoncer que les six Sociétés nationales suivantes ont été sélectionnées pour un financement accélérateur en 2022:
Croix-Rouge du Burundi;
Croix-Rouge du Kenya;
Croix-Rouge du Malawi;
Croix-Rouge russe;
Croissant-Rouge arabe syrien;
Croix-Rouge zambienne.
Ces Sociétés nationales recevront un investissement important allant jusqu'à un million de francs suisses, à utiliser sur une période maximale de cinq ans, pour les aider à accélérer leur cheminement vers la durabilité à long terme. Trois de ces Sociétés nationales (Syrie, Malawi et Zambie) ont déjà reçu des bourses relais de l'AISN, ce qui prouve une fois de plus la pertinence de l'approche progressive du Fonds en matière de développement durable.
En outre, 14 autres Sociétés nationales recevront jusqu'à 50 000 CHF de financement relais : Bénin, République démocratique du Congo, Guinée, Indonésie, Irak, Jordanie, Liberia, Libye, Mali, Nicaragua, Palestine, Panama, Rwanda, Sierra Leone.
Au total, l'AISN allouera 5,4 millions de francs suisses à 20 sociétés nationales différentes cette année. Cela représente plus du double des fonds alloués en 2021 et constitue la plus importante allocation annuelle depuis le lancement de l'AISN en 2019.
Cette allocation historique est rendue possible grâce au soutien généreux des gouvernements de la Suisse, des États-Unis, du Canada et de la Norvège, ainsi que des Sociétés nationales norvégienne et néerlandaise. Le CICR et l'IFRC ont également renforcé leur engagement en allouant respectivement 10 millions et 2 millions de francs suisses pour les années à venir.
Les coprésidents du Comité directeur de l'AISN, Xavier Castellanos, Secrétaire général adjoint de l'IFRC pour le développement des Sociétés nationales et la coordination des opérations, et Olivier Ray, directeur du CICR pour la mobilisation, le mouvement et le partenariat, ont déclaré :
«Nous sommes heureux d'avoir pu sélectionner les initiatives de 20 Sociétés nationales qui seront financées par l'AISN en 2022. Notre vision et nos plans sont en train de devenir une réalité. Nous voyons les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge opérant dans des contextes fragiles accéder à des fonds pour se développer durablement afin de fournir et d'intensifier leurs services humanitaires. C'est la localisation en action et à grande échelle.
Il est particulièrement encourageant de voir que l'approche en deux étapes de l'AISN, où les fonds initiaux servent de tremplin pour aider les Sociétés nationales à se préparer à un investissement accru visant à obtenir un impact durable sur l'organisation et les communautés vulnérables, fonctionne. Nous espérons voir de nombreuses autres Sociétés nationales planifier et suivre ce parcours.
L'année 2022 restera dans les mémoires comme une étape importante pour l'AISN. Notre ambition est de maintenir cet élan et de continuer à croître dans les années à venir. Nous considérons ce mécanisme comme un levier précieux et stratégique pour soutenir les Sociétés nationales dans des contextes fragiles et de crise afin d'entreprendre leur voyage vers le développementdurable. »
Pour plus d'informations, merci de visiter la page de l'AISN.
Niger : Une action urgente s’impose alors qu'une crise alimentaire frappe les communautés
Il est tôt le matin et le soleil commence à darder ses rayons brûlants annonçant une chaude journée de juillet 2022. De longues files d’attente sont visibles dans la cour de l’école primaire de Gorou Kirey, dans la banlieue lointaine de Niamey, la capitale du Niger. Le site accueille une opération de distribution de cash de la Croix-Rouge nigérienne en faveur des communautés touchées par la crise alimentaire. Boubacar Alzouma était parmi les premières personnes à arriver sur le site.
« Il était hors de question de rater cette distribution, car il n’y avait rien à préparer à la maison aujourd’hui », explique ce cultivateur de 76 ans, en s'appuyant fortement sur sa canne. « C’est gênant de le dire, mais il y a des jours où nous n’avons rien à manger à la maison », ajoute Boubacar.
Les mauvaises récoltes de l’année dernière, dues à des pluies irrégulières et insuffisantes, ont mis sa famille au bord de la famine. Il n’a récolté que deux sacs de son champ de deux hectares de mil, de sorgho et de niébé. Insuffisant pour nourrir ses 21 enfants. Pour faire face à la crise alimentaire, Boubacar a pris la difficile décision de vendre tout son bétail.
« Notre plus grand espoir est d’avoir de bonnes précipitations cette année. Sinon, ce sera à nouveau une catastrophe », déclare Boubacar.
Après avoir reçu le cash de la Croix-Rouge nigérienne, Boubacar s’est précipité pour acheter de la nourriture. Sans cette aide, sa famille se serait certainement couchée le ventre vide.
La crise alimentaire a touché quelque 4,4 millions de personnes au Niger, en raison des effets combinés des chocs climatiques et de l’insécurité. Et l’histoire de Boubacar parle pour des millions de personnes qui vivent une situation similaire.
Pour aider les gens à faire face, la Croix-Rouge nigérienne a distribué du cash à près de 6,000 ménages affectés à travers le pays (sur les 22 000 ciblés), grâce à son plan de réponse soutenu par l’IFRC et d’autres partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. L’assistance comprend également la distribution de colis alimentaires dans certaines régions et d’aliments de bétail afin d’aider les familles agropastorales à protéger leurs moyens de subsistance.
La Croix-Rouge nigérienne met également en place des centres de nutrition communautaires pour dépister et orienter les enfants souffrant de malnutrition vers les centres de santé. Toutefois, il en faudrait plus pour éviter que la situation ne se détériore davantage.
« Une réponse rapide et renforcée est nécessaire pour sauver des vies, car la soudure précoce a poussé de nombreuses familles au point de rupture », déclare Thierry Balloy, chef de la délégation du Cluster de l’IFRC au Niger.
L’ampleur de la crise alimentaire a incité l’IFRC à lancer un appel d'urgence de cinq millions de francs suisses pour aider la Croix-Rouge nigérienne à assister 283 000 personnes (40 547 ménages). Les fonds collectés serviront à fournir du cash et un soutien nutritionnel aux personnes les plus vulnérables, tout en mettant place des solutions à long terme de renforcement de la résilience communautaire. Les familles agropastorales les plus vulnérables seront également aidées à restaurer leurs moyens de subsistance. Seuls 30 % de l’appel sont encore couverts.
L’avenir de Boubacar, et celui de nombreux autres cultivateurs comme lui au Niger, reste incertain. Mais malgré les défis auxquels lui et sa famille sont confrontés, il garde espoir.
« Si je reçois un deuxième financement et que les prochaines récoltes sont bonnes, je vais renouveler mon bétail. Ceci nous aidera à faire face éventuellement aux difficultés de la prochaine période de soudure", déclare Boubacar.
«La faim est l'une des souffrances les plus indignes de l'humanité» : lutter contre l'insécurité alimentaire en Afrique et ailleurs
L'insécurité alimentaire n'est pas un phénomène nouveau. Mais la récente escalade de la gravité et de l'étendue géographique de la faim chronique est un sérieux motif d'alarme.
La crise de la faim est particulièrement ressentie sur le continent africain, où de nombreuses régions, notamment la Corne de l'Afrique, le Sahel et le lac Tchad, connaissent la pire crise alimentaire depuis des décennies.
Des millions de personnes sont confrontées à la faim en Afrique, ce qui a poussé l'IFRC à lancer des appels d'urgence pour les crises de la faim au Nigeria, en Somalie, au Kenya, en Éthiopie, au Niger et en Angola au cours de l'année écoulée.
En mai dernier, j'ai rencontré certaines des personnes concernées par la sécheresse dans le comté de Marsabit, au Kenyalors d'une visite des zones touchéesoù les niveaux de malnutrition sont parmi les plus élevés du continent.
J'ai pu constater de moi-même le niveau de souffrance causé par une grave pénurie de précipitations pendant quatre saisons consécutives, associée à une vulnérabilité préexistante dans certaines parties du comté. Les enfants, les jeunes mères et les personnes âgées sont les plus touchés et doivent faire face à la quasi-disparition de leurs moyens de subsistance.
Bien que cette crise de la faim soit, dans une large mesure, d'origine climatique, elle est également alimentée par les effets d'importants essaims de criquets, d'épidémies, de conflits et d'insécurité, et de ralentissements économiques, y compris ceux déclenchés par le COVID-19.
En outre, le conflit en cours en Ukraine perturbe le commerce mondial des denrées alimentaires, des engrais et des produits pétroliers, les prix des produits agricoles atteignant des sommets. L'Afrique de l'Est, par exemple, importe 90 % de son blé de Russie et d'Ukraine (source : PAM), et le conflit a entraîné d'importantes pénuries. La crise ukrainienne a également détourné l'attention et les ressources d'autres crises.
Si l'Ukraine est une crise extrêmement préoccupante, qui touche des millions de personnes, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue d'autres crises urgentes dans le monde. L'une d'entre elles, et non la moindre, est la détérioration rapide de la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions d'Afrique. L'heure tourne et il pourrait bientôt être trop tard pour éviter une tragédie généralisée.
La question qui devrait nous préoccuper tous est donc la suivante : que pouvons-nous faire, en tant que collectif humanitaire, pour éviter que l'histoire tragique du début des années 1980 ne se répète ?
Nous avons besoin d'une action urgente et massive pour intensifier l'assistance vitale à des millions de personnes au bord de l'effondrement, mais aussi pour s'attaquer de manière décisive aux causes profondes de cette crise par des engagements à plus long terme.
L'IFRC a un rôle important et unique à jouer. Grâce à notre portée et à notre expertise communautaires inégalées, à notre expérience humanitaire de plus de 100 ans, à notre capacité d'agir à la fois localement et mondialement, et au statut spécial de nos Sociétés nationales en tant qu'auxiliaires des pouvoirs publics, nous pouvons inverser la tendance. Mais nous avons besoin de ressources pour le faire.
Notre priorité immédiate collective est de rassembler un soutien pour sauver des vies, au sein et en dehors de notre réseau de l'IFRC, pour les six prochains mois,en accordant une attention particulière à la Corne de l'Afrique, au Sahel central et aux autres points chauds du continent.
Au cours de cette phase d'urgence, nous concentrerons notre soutien sur ce qui, nous le savons par expérience, fera le plus de différence dans la vie et les moyens de subsistance des personnes touchées : l'aide alimentaire, les programmes d'argent liquide et le soutien nutritionnel.
Parallèlement, nous élaborerons des programmes à plus long terme, en collaboration avec les Sociétés nationales intéressées, afin de nous attaquer aux causes profondes de l'insécurité alimentaire. Nous nous appuierons sur nos succès précédents et travaillerons en soutien aux plans et cadres des gouvernements pour restaurer la résilience des communautés les plus démunies, y compris les populations déplacées.
Tout ce que nous faisons sera étayé par des données solides et un engagement significatif des communautés, afin de garantir que notre réponse soit fondée sur des preuves et adaptée.
La faim est l'une des souffrances les plus indignes de l'humanité. Pour soulager la souffrance humaine, nous devons relever ce défi par une mobilisation et une action collectives, dans l'immédiat et à long terme.
Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de faire trop peu, trop tard.
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Depuis 2020:
Le réseau de l'IFRC a fourni une assistance alimentaire et des articles non alimentaires à 4,8 millions de personnes, en combinant toutes les opérations de réponse humanitaire (appels d'urgence, DREF et notre réponse COVID-19).
Plus de 20 Sociétés nationales africaines ont mis en œuvre des projets liés à la sécurité alimentaire dans le cadre de leur programmation régulière.
33 Sociétés nationales africaines ont augmenté leur capacité à fournir une assistance en espèces et sous forme de bons.
Cliquez ici pour en savoir plus sur le travail de l'IFRC en matière de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance.
Vous pouvez également être intéressé par:
'Pour vaincre les crises alimentaires en Afrique, il faut commencer par une planification à long terme.' - Un article d'opinion paru dansDevex par le directeur régional de l'IFRC pour l'Afrique, Mohammed Omer Mukhier-Abuzein.
À cause de la faim, je suis ici" - reportage photo du magazine de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sur les réfugiés angolais qui fuient vers la Namibie en raison de la sécheresse et du manque de nourriture et d'eau qui en résulte.
Et faites défiler la page pour en savoir plus sur nos appels d'urgence en cours pour lutter contre l'insécurité alimentaire en Afrique et ailleurs.
Journée de l'hygiène menstruelle : #NousNousEngageons à lutter contre la stigmatisation, l'exclusion et la discrimination pendant les règles.
Dans le monde entier, des millions de femmes et de jeunes filles sont victimes de stigmatisation, d'exclusion et de discrimination simplement à cause d'une fonction corporelle parfaitement naturelle : leurs règles.
Les attitudes négatives et les informations erronées concernant les règles limitent le potentiel des femmes et des filles. Trop souvent, elles n'ont pas accès à l'éducation et à l'emploi, soit parce qu'elles ne disposent pas des équipements et des produits d'hygiène nécessaires pour mener à bien leur vie quotidienne pendant leurs règles, soit parce qu'elles craignent la honte et l'embarras de leur communauté.
La sécurité des femmes et des filles est également menacée. En l'absence d'installations d'hygiène adéquates, les femmes peuvent être contraintes d'aller à l'air libre pour répondre à leurs besoins menstruels, ce qui les expose à des dangers physiques et psychologiques. Dans des cas extrêmes, la stigmatisation des règles a coûté tragiquement la vie à des femmes et des filles.
À l'IFRC, #NousNousEngageons à lutter contre la stigmatisation, l'exclusion et la discrimination liées aux règles et à améliorer les connaissances, les compétences et les programmes de nos Sociétés nationales en matière de gestion de l'hygiène menstruelle (GHM).
Nous nous efforçons d'améliorer les normes en matière de GHM dans l'ensemble de notre réseau, à la fois dans le cadre de nos programmes d'eau, d'hygiène et d'assainissement (EHA) à long terme, mais aussi lors des interventions d'urgence. Parce que les règles ne s'arrêtent pas en cas d'urgence !
Nous nous concentrons sur trois domaines principaux :
La fourniture de serviettes hygiéniques et d'articles de santé menstruelle dans le cadre de notre aide humanitaire;
L'engagement communautaire pour démystifier les règles, éduquer les femmes et les filles sur la façon de les gérer en toute sécurité et combattre les attitudes négatives, en particulier chez les hommes et les garçons. Cela implique également de plaider auprès des gouvernements pour des activités plus nombreuses et de meilleure qualité en matière de GHM;
Mettre en place des installations EHAconçues en tenant compte des besoins supplémentaires des femmes et des filles en période de menstruation.
Beaucoup de nos Sociétés nationales font déjà un travail fantastique dans ce domaine. Voyons-en quelques-unes !
Au Liban
Avec le soutien du Fonds d'innovation humanitaire d'Elrha, la Croix-Rouge libanaise s'est associée à l'IFRC, à la Croix-Rouge britannique et à la société de conseil ARUP pour développer des latrines et des installations de bain/de blanchissage inclusives et adaptées à la GHM. Ils se sont concentrés sur les femmes vivant dans des camps de tentes informels près de la frontière syrienne.
En s'adressant aux femmes de ces campements, les équipes de la Croix-Rouge libanaise ont appris que les femmes utilisent principalement des serviettes jetables pendant leurs règles, ou un tissu en cas d'urgence, qu'elles brûlent après une seule utilisation. Les femmes ont expliqué que si elles disposaient d'un espace sûr, accessible et privé à utiliser, séparé des installations des hommes et doté de méthodes d'élimination discrètes, elles mettraient leurs serviettes usagées à la poubelle.
Sur la base de ce feedback, la Croix-Rouge libanaise a mis en oeuvre des installations EHA d'urgence qui tenaient compte des besoins de ces femmes. Elle a élaboré un manuel qui peut être adapté et utilisé par d'autres Sociétés nationales et partenaires. Ce manuel contient des recommandations sur la meilleure façon d'aborder les besoins périodiques des femmes et des filles de manière sensible et efficace. Cliquez ici pour en savoir plus sur le projet.
Au Pakistan
Bien que les menstruations soient considérées comme naturelles et un signe de maturité pour les femmes au Pakistan, elles sont également perçues comme sales, honteuses et devant être gérées en silence. Les hommes sont généralement chargés de décider des installations et des services de santé menstruelle offerts aux femmes et aux filles, mais ils les impliquent ou les consultent rarement sur leurs besoins.
La Croix-Rouge suisse a travaillé avec l'Université Aga Khan au Pakistan pour mettre en place des coins spéciaux GHM dans les hôpitaux - des espaces sécurisés dans lesquels les femmes et les filles pouvaient recevoir des informations et des conseils sur l'hygiène menstruelle et la santé reproductive. Ils ont organisé des séances de fabrication de serviettes hygiéniques avec des hommes et des femmes pour les sensibiliser aux bonnes pratiques d'hygiène. Enfin, ils ont identifié des "champions GHM" influents qui diffusent désormais ces connaissances et s'attaquent à la stigmatisation des règles au sein de leurs communautés.
Au Malawi
Pour de nombreuses filles au Malawi, maîtriser leurs règles reste un défi en raison du manque d'accès à l'information, aux produits hygiéniques et à des installations EHA adéquates, en particulier dans les écoles.
La Croix-Rouge du Malawi, avec le soutien de la Croix-Rouge suisse, a mené une recherche à méthode mixte auprès de plus de 500 élèves pour comprendre les connaissances, les attitudes et les pratiques des filles et des garçons en matière de règles.
Elles ont découvert que :
Plus de la moitié des filles auxquelles elles ont parlé n'avaient jamais entendu parler desmenstruations avant qu'elle ne débute;
Les filles ayant une meilleure connaissance utilisaient de meilleures pratiques de GHM et séchaient moins l'école;
Il est intéressant de noter que les connaissances accrues des garçons en matière de GHM sont associées à des niveaux plus élevés de moqueries et à un absentéisme plus important des filles pendant leurs règles.
La Croix-Rouge du Malawi a depuis utilisé cette recherche pour informer son travail en matière de GHM afin qu'il réponde mieux aux besoins des filles. Elle a construit des toilettes adaptées aux femmes dans les écoles, produit des produits d'hygiène menstruelle réutilisables, dispensé des formations aux enseignants et aux groupes de parents et plaidé en faveur d'un renforcement des activités de santé menstruelle au niveau de la communauté et du district.
En Argentine
Pendant la pandémie de COVID-19, il a été constaté que les personnes transgenres en Argentine avaient des difficultés à accéder aux articles d'hygiène menstruelle. En étroite coordination avec deux organisations spécialisées locales qui soutiennent et défendent les personnes transgenres, la Croix-Rouge argentine a distribué des kits d'hygiène comprenant des serviettes hygiéniques, des tampons et des coupes menstruelles.
Les hommes transgenres ont fourni des recommandations et sélectionné les articles menstruels appropriés pour les kits. La distribution des kits s'est accompagnée d'ateliers virtuels sur la santé sexuelle et l'utilisation correcte des coupes menstruelles. La Croix-Rouge argentine a également mis en place une ligne de conseil sanitaire afin d'offrir un soutien psychosocial à toute personne qui en avait besoin.
Ressources d'apprentissage et plus d'informations sur la GHM :
Découvrez encore plusd'études de cas sur les activités MHM de nos Sociétés nationales dans cette collection.
Explorez notre multitude de conseils pratiques, d'outils et de ressources de plaidoyer sur l'hygiène menstruelle sur notre site dédié à EHA ici.
Visitez la page EHA sur le site de l'IFRC.
Visitez la page de la campagne mondiale de la Journée de l'hygiène menstruelle pour plus d'informations sur le thème de cette année.
Contactez notre responsable WASH en santé publique, Alexandra Machado, pour toute question relative à la gestion de l'hygiène menstruelle : [email protected]
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*Nous reconnaissons que toutes les personnes qui ont leurs règles ne s'identifient pas comme des femmes, et que toutes les femmes n'ont pas leurs règles.
Conflit en Ukraine : comment la Croix-Rouge apporte un soutien essentiel aux personnes qui quittent le pays
Ils arrivent à la frontière entre l'Ukraine et la Slovaquie épuisés après deux ou trois marches de voyage. Certains viennent en voiture, beaucoup d'autres à pied, portant leurs sacs et trainant leurs valises.
Depuis fin février, près de 6 millions de personnes ont fui l'Ukraine pour se mettre en sécurité dans d'autres pays.
Il y a des femmes et des enfants. Beaucoup, beaucoup d'enfants. Les quelques hommes de la file d'attente sont généralement plus âgés. Les plus jeunes sont en grande partie restés sur place pour soutenir leur pays dans le conflit.
Les jeunes aident les adultes fatigués et inquiets à porter leurs quelques biens précieux. Ils portent des sacs à dos auxquels sont attachés des ours en peluche. Une petite fille porte son propre sac de couches. Alors que certains petits s'accrochent à leur mère de toute la force de leurs petites mains, les plus grands courent dans tous les sens, excités par l'aventure qu'on leur a annoncée. Leurs mères s'efforcent de les contenir.
Les gens viennent à cette frontière au passage d'Uzhhorod à toute heure du jour et de la nuit. Des volontaires de la Croix-Rouge ukrainienne les accueillent. Ils fournissent des informations, de la nourriture, des boissons chaudes, des vêtements et des couvertures. Vêtus de leurs uniformes d'urgence rouge vif, ils aident à porter les affaires des gens jusqu'au poste frontière. Certains ont besoin de fauteuils roulants et les volontaires se lèvent pour les aider. Une fois la frontière franchie, ils sont accueillis par des volontaires de la Croix-Rouge slovaque.
Olexander Bodnar est le jeune homme de 23 ans qui dirige l'équipe de volontaires de la Croix-Rouge ukrainienne à Uzhhorod, à la frontière occidentale du pays. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, l'équipe se relaie à ce point de passage.
"Mon équipe est composée des personnes les plus merveilleuses de la planète", dit-il. "Nous avons tellement de personnes aimables qui nous ont rejoints. Nous avons 130 volontaires qui se sont inscrits depuis le début du conflit. Beaucoup sont des infirmières et des médecins."
Les compétences médicales sont très appréciées. Dans un bâtiment récemment construit, la Croix-Rouge a installé une petite clinique, approvisionnée en nourriture pour bébés et en couches. Des lits de camp sont disposés d'un côté de la clinique pour permettre aux voyageurs fatigués de se reposer, ne serait-ce que pour un petit moment. C'est ici que les volontaires dispensent les premiers soins de base. De nombreuses personnes âgées se plaignent de l'augmentation de leur tension artérielle. Des volontaires formés la vérifient et me disent que la plupart du temps, elle est normale. Ils sont soumis à un stress extrême, et certains font des crises de panique - une réaction normale lors d'un événement anormal.
Olexander raconte l'histoire d'une femme âgée qui quittait son pays bien-aimé avec son mari, qui venait d'être opéré :
"Elle est tombée à genoux et a demandé à Dieu de protéger son pays. Elle a dit : "Ma chère Ukraine, pardonne-moi. Je ne veux pas te quitter, mais je le dois.'"
Des larmes ont rempli les yeux d'Olexander alors qu'il aidait le couple à s'approcher du poste frontière.
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L'IFRC soutient la Croix-Rouge ukrainienne, ainsi que de nombreuses autres Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans la région environnante, afin d'aider les personnes touchées par le conflit en Ukraine. Pour en savoir plus sur notre travail, cliquez ici.
Lumières, caméra, action ! Comment le cinéma sauve des vies au Cameroun
Combinant à la fois l'apprentissage et le divertissement, le cinéma mobile est devenu, au fil des ans, un moyen privilégié de sensibiliser les communautés isolées du monde entier sur un large éventail de sujets importants, allant de la manière de rester en bonne santé à la préparation aux catastrophes.
Chaque kit de cinéma mobile contient un écran de projection et un trépied, un ordinateur portable, des microphones et des haut-parleurs, ainsi qu'un générateur pour pouvoir continuer à fonctionner même en cas de coupure de courant.
Depuis qu'elle a reçu les kits, la Croix-Rouge camerounaise utilise le cinéma mobile pour partager des messages qui sauvent les vies sur la COVID-19, le choléra et tout autre sujet pertinent, afin d'aider les gens à se préparer et à rester en sécurité. Le tout d'une manière passionnante et efficace, et dans l'environnement même de la communauté.
"Le cinéma mobile nous permet de fournir les bonnes informations dont les communautés ont besoin pour lutter contre les épidémies et les catastrophes de toutes sortes. Cet outil ludique et utile nous permet sans aucun doute d'améliorer notre réponse humanitaire à travers le pays".
Cécile Akamé
Presidente de la Croix-Rouge Camerounaise
Les projections de cinéma mobile ne consistent pas seulement à s'asseoir et à regarder. Elles sont aussi un excellent moyen d'engager les communautés par le biais de sessions de questions-réponses et de recueillir les précieux commentaires des participants.
Chaque projection est animée par des volontaires de la Croix-Rouge camerounaise, dont la plupart ont été récemment formés sur les techniques de communication adaptées au cinéma mobile, l'engagement communautaire et la collecte des feedbacks. Écouter les questions, les préoccupations, les idées et les craintes des populations aide les volontaires à mieux comprendre les besoins des communautés et à adapter leur travail en conséquence. Marlyse, une élève de 15 ans de la ville de Kribi, dans le sud du pays, qui a assisté à une récente projection, a déclaré :
"C'est la première fois que je participe à ce type d'activité et j'ai beaucoup appris. Nous avons regardé une vidéo sur la COVID-19 et cela a renforcé nos connaissances sur les mesures préventives. La discussion avec les personnes de la Croix-Rouge nous a également permis d'en savoir plus sur le vaccin."
Marlyse
Participant au cinéma mobile à Kribi
Ci-dessous, la vidéo dont Marlyse fait allusion:
À l'IFRC nous savons que les épidémies commencent et se terminent dans les communautés. Et qu'avec les bonnes informations et le bon soutien, chacun peut jouer un rôle important dans la détection des maladies, la réponse efficace et la préparation aux risques sanitaires futurs.
Prenez l'exemple de M. Biyong, Leader communautaire à Kribi, qui est enthousiasmé par le projet de la Croix-Rouge camerounaise et le potentiel du cinéma mobile :
"Nous connaissons actuellement une épidémie de choléra dans notre communauté et dans toute la région. Je pense que cet outil arrive à point nommé ! Grâce à la diffusion de la vidéo sur le choléra, les modes de transmission et les moyens de prévenir cette maladie, les membres de ma communauté ont pu voir de leurs propres yeux ce que nous essayons de leur expliquer chaque jour. C'est vraiment un outil qui va permettre d'arrêter la propagation de la maladie."
Mr Biyong
Leader communautaire d'une communauté de la ville de Kribi
L'IFRC et la Croix-Rouge camerounaise espèrent ensemble étendre les projections de cinéma mobile à travers le pays dans les mois à venir, en écoutant et en apprenant des personnes que nous soutenons.
"En plus de la nourriture, l'eau et les abris, nous savons que l'information est, en soi, une aide. L'IFRC travaille sans relâche pour aider les Sociétés nationales comme la Croix-Rouge camerounaise à s'approprier les opportunités et les avantages de cette approche passionnante du cinéma mobile pour rendre les communautés plus résilientes".
Thierry Balloy
Chef de délégation du groupe de pays pour l'Afrique centrale
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Ce travail au Cameroun s'inscrit dans le cadre du Programme communautaire de préparation aux épidémies et aux pandémies (CP3) de l'IFRC, financé par l'USAID. Cliquez ici pour en savoir plus sur le projet et notre travail dans ce domaine.
Et si vous avez apprécié cette histoire, vous serez peut-être intéressé par nos nouvelles études de cas montrant comment les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont aidé à préparer les communautés au COVID-19 et à les en protéger.
Déclaration présentée au nom des 160 signataires de la Charte des organisations humanitaires sur le climat et l’environnement à la 26ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP26)
Les preuves scientifiques les plus récentes, notamment le dernier rapport du GIEC, viennent confirmer une fois encore la véracité de ces propos. Notre planète traverse une période d’accélération des crises climatiques et environnementales, dont les effets sont ressentis par nous tous. En tant qu’organisations humanitaires, nous le constatons chaque jour dans notre travail.
Alors que les dirigeants de la planète se préparent à se réunir à Glasgow en novembre prochain pour la COP26, nous demandons instamment aux négociateurs de toujours avoir à l’esprit les conséquences humanitaires de leurs décisions. Le nombre de catastrophes liées au climat a presque doublé au cours des 20 dernières années et les risques liés à des phénomènes météorologiques sont désormais le premier facteur de déplacement interne, touchant plus particulièrement les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées. La crise climatique impose un surcroît de stress aux organisations humanitaires, déjà plus sollicitées que jamais. Seule la prise de mesures urgentes et ambitieuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux risques croissants permettra de prévenir les conséquences les plus désastreuses pour les populations et l’environnement. Sans une action ambitieuse de lutte contre le changement climatique, les organisations humanitaires auront du mal à répondre à des besoins toujours plus importants.
Même dans les scénarios les plus optimistes envisagés pour les années à venir, nous savons qu’un certain nombre de changements climatiques et de dégradations de l’environnement se produiront, et que l’impact humanitaire de ces phénomènes s’alourdira probablement. Afin de garantir que les personnes les plus vulnérables face à ces événements reçoivent le soutien dont elles ont besoin pour se protéger elles-mêmes et préserver leurs moyens de subsistance, nous devons tenir compte à la fois des caractéristiques individuelles de chaque personne (comme l’âge, le sexe et le statut légal) et des situations structurelles qui influent sur l’exposition des personnes aux risques.
Lorsque nous avons signé la Charte, nous nous sommes engagés à intensifier notre action, à réduire les risques et la vulnérabilité, et à soutenir les personnes les plus exposées aux conséquences des crises climatiques et environnementales. Nous nous sommes engagés à agir en misant sur le leadership et l’expérience des acteurs locaux, à investir dans des réponses durables, et à exploiter et amplifier les connaissances locales et indigènes. Nous avons promis de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, de minimiser les dommages que nous causons à l’environnement et de réduire nos déchets et, enfin, de mettre en commun les informations, les idées et les ressources à disposition afin d’amplifier l’impact de nos efforts.
Nous savons qu’une transformation radicale est nécessaire. Nous sommes déterminés à agir, de manière urgente et délibérée, et nous exhortons tout un chacun, dans le secteur humanitaire et au-delà, à faire de même.
Signé,
Signataires de la Charte des organisations humanitaires sur le climat et l’environnement
La Charte est ouverte à la signature de toutes les organisations humanitaires. Des informations sur la Charte et des conseils sur sa mise en œuvre sont disponibles à l’adresse suivante: www.climate-charter.org.
COVID-19 et applications mobiles de « suivi de contacts » : un appel à la vigilance numérique
Balthasar Staehelin & Cécile AptelAlors que la pandémie de COVID-19 continue d'affecter tous les continents, des applications mobiles de « suivi de contacts » (« contact tracing ») sont développées dans l'objectif de freiner la propagation du virus. Le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui constitue un vaste réseau humanitaire et qui dispose d'une grande expérience dans le domaine des soins de santé, en particulier dans les situations les plus complexes, est donc naturellement directement concerné par les questionnements qui entourent ces applications de « suivi de contacts ».Dans cette note, Balthasar Staehelin, directeur de la transformation numérique et des données au CICR et Cécile Aptel, directrice du département politique, stratégies et connaissances de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, proposent une réflexion sur la nécessité d'étendre le principe humanitaire de « ne pas nuire » au domaine numérique et sur la manière d'y parvenir afin de préserver le principe d'humanité qui est le principe essentiel guidant toutes les activités humanitaires. Comment garantir qu'une application de « suivi de contacts » puisse être la plus efficace pour sauver des vies tout respectant les droits individuels et, en particulier, le droit au respect de la vie privée ?La recherche de contacts, qui s'inscrit dans une réponse sanitaire globale plus large, constitue l'un des moyens utilisés pour lutter contre la propagation du virus au sein des populations. Toutefois, le procédé habituel qui permet d'identifier manuellement les personnes qui auraient pu entrer en contact avec une personne infectée lorsqu'elle était contagieuse, est chronophage et peine à couvrir des populations entières. C'est pourquoi, afin d'intensifier la lutte contre la pandémie de COVID-19, de nouvelles technologies sont conçues et mises au point.Ces dernières semaines, le recours à des applications mobiles de « suivi de contacts » (« contact tracing ») bénéficie d'un engouement accru. Ceci suscite de vives discussions, aux confins de la santé publique, de la protection des données et du respect de la vie privée. Mais la confiance qui est placée dans cette technologie ainsi que les intérêts stratégiques et probablement économiques, sont aussi au cœur de ces discussions. Nous craignons qu'une conception ou un usage inadéquats de ces applications puissent conduire à stigmatiser, accroitre la vulnérabilité et la fragilité, la discrimination et la persécution de certaines catégories de la population et affecter leur intégrité physique et psychologique. Cette question rejoint celle, plus large, de l'utilisation responsable des technologies dans des situations, comme des réponses à des crises, où la confiance est indispensable [1].Le « suivi de contacts » (« contact tracing ») : quels peuvent en être les risques ?Dans de nombreuses situations dans lesquelles le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge intervient, il y a souvent un seul smartphone pour tous les membres de la famille. Ils peuvent laisser leur téléphone à charger dans des endroits dédiés, qui peuvent accueillir des douzaines de téléphones à la fois. De la même manière, il se peut que des gens soient dans la même pièce, mais qu'ils se protègent avec un masque ou qu'ils soient séparés par une vitre ou une cloison en plexiglas. Ainsi, d'une situation à une autre, la complexité des interactions entre les personnes et des pratiques sociales ou encore une maitrise relativement faible des outils numériques, peuvent rendre inopérantes l'utilisation d'applications spécifiques ou de technologies indispensables à leur fonctionnement (comme le Bluetooth).Dans les contextes où l'accès aux smartphones et à internet peut ne pas être suffisant pour qu'ils soient utilisés de manière optimale, l'impact d'une technologie qui repose sur la proximité des capteurs des téléphones portables pourrait être sérieusement limité. Même là où les smartphones modernes sont largement utilisés, le risque d'exclure ou de marginaliser les franges de la population les moins connectées est réel, laissant les plus vulnérables de côté, pour finalement remettre en question l'utilité même du « suivi de contacts ». Le risque que les données collectées dans le but du suivi de contacts puissent être utilisées à d'autres fins – ou qu'elles soient croisées avec d'autres données afin d'identifier et peut-être de profiler des individus –constitue une préoccupation majeure. Ce détournement de la finalité pourrait mener à une surveillance intrusive, ou à un usage commercial indésirable et non consenti. Dans des situations de conflit armé, de violences ou de catastrophes, de telles pratiques peuvent avoir de graves conséquences humanitaires. L'une ou plusieurs de ces pratiques pourraient remettre en cause la confiance que les gens accordent au « suivi de contacts », aux politiques de santé publique et à ceux qui les encouragent. Sans cette confiance, l'utilisation et l'efficacité de ces applications seraient limitées.Parallèlement, les applications de « suivi de contacts » ne sont pas à l'abri de cyberattaques ou de fuite des données, qui pourraient menacer la vie privée et la sécurité de leurs utilisateurs. Dans un monde divisé, qui se caractérise par des tensions inter-ethniques ou communautaires, ou encore par des inégalités économiques, les conséquences d'une telle menace pour la vie privée et les données personnelles seraient très préoccupantes.À quoi pourrait ressembler une application de « suivi de contacts » efficace ?Pour qu'une application de « suivi de contacts » soit un élément efficace de la réponse à la pandémie, il faut une politique de santé publique suffisamment robuste pour pouvoir mettre en place les mesures de suivi nécessaires qui doivent l'accompagner comme la possibilité de réaliser des tests appropriés et disposer d'établissements de santé pour isoler ou soigner les patients. Ceci souligne une fois encore la nécessité d'investir dans des systèmes de santé sur le long-terme.Il convient aussi d'instaurer des freins et des contrepoids pour contrôler l'efficacité du « suivi de contacts » et veiller à ce que la gestion de l'ensemble de cet écosystème soit transparente et impartiale ; un équilibre doit être trouvé entre les impératifs de santé publique et les droits individuels, notamment le droit au respect de la vie privée. Ceci n'est pas possible dans tous les pays et est encore plus difficile dans des environnements fragiles, qu'il s'agisse de conflits armés, de violences ou de catastrophes, dans lesquels les capacités et les moyens des États sont souvent sérieusement ébranlés.Pour évaluer ces éléments une fois le dispositif mis en œuvre, il est nécessaire de procéder au cas par cas et d'avoir une connaissance approfondie de chaque contexte. Il est impossible d'énumérer de façon exhaustive tous les dangers possibles ou les écueils des applications de « suivi de contacts » qui sont actuellement envisagées ou mises en place un peu partout dans le monde. Toutefois, au regard de notre pratique humanitaire et de notre particulière expérience dans le domaine de la protection des données, il convient de bien peser les avantages et les risques que présentent le « suivi de contacts ». Ces procédés devraient s'appuyer solidement sur les normes scientifiques, éthiques et juridiques les plus récentes et seules les solutions qui sont fondées sur une approche respectueuse de la « protection des données dès la conception » devraient être prises en considération.Suivre une « protection des données dès la conception » est essentielle pour garantir le respect du principe humanitaire de « ne pas nuire » ainsi que les droits et la dignité des individus concernés. Ici, la « protection des données dès la conception » repose sur une architecture décentralisée conçue pour protéger autant que possible les données sensibles sur les appareils des utilisateurs. Il convient par ailleurs de veiller à limiter les risques de détournement de données et à fixer un délai de conservation des données, afin que les dispositifs de « suivi de contacts » soient immédiatement désactivés une fois qu'ils ne sont plus utiles. Un certain nombre de protocoles de « suivi de contacts » qui ont été conçus pour aider à freiner la propagation de la COVID-19, ont déjà été analysés sous l'angle de la protection des données dans l'action humanitaire. Un des protocoles décentralisés qui a le vent en poupe est celui proposé par le DP-3T consortium, qui s'appuie sur l'initiative d'Apple et Google et qui a été adopté par la Croix-Rouge autrichienne.Conclusion : un appel à la vigilance numériqueAu fil de son histoire, le Mouvement a acquis une grande pratique dans l'évaluation tant des avantages que des risques présentés par les nouvelles technologies pour les opérations humanitaires. Aujourd'hui, confrontés à une pandémie qui menace des millions de personnes dans le monde, nous observons de nouveau les avantages que l'on peut retirer de ces nouvelles technologies et des menaces qu'elles présentent. Les applications de « suivi de contacts » pourraient constituer un vrai moyen pour maitriser la propagation du virus ; mais elles peuvent aussi soulever de gros questionnements au regard, entre autres, de la protection des données personnelles.Dans cette perspective, les États devraient apprécier si une application mobile de « suivi de contacts » peut constituer un élément adéquat, efficace, éthique et sûr pour maîtriser la pandémie de COVID-19 dans une situation inédite où il s'agit de sauver des vies. Si un État considère que c'est là une bonne solution, alors il devrait bien peser les avantages et les risques de recourir à un protocole décentralisé tel que le DP-3T, mettre en place « une protection des données dès la conception » et veiller à ce que ces moyens respectent les normes scientifiques, éthiques et juridiques les plus récentes.[1] Cette question a fait l'objet de discussions de fond lors de la dernière 33ème Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.Ce texte a été initialement publié en anglais sur le blog Law and Policy.
Crise alimentaire : « Maintenant, je peux m'occuper de ma propre famille ».
Dans la région de Lubombo en Eswatini, près de la ville de Big Bend, Bongani Masuku, 39 ans, regarde son champ de maïs. Il en a récolté une partie la semaine dernière.
«Mais il y a encore du travail à faire», dit Bongani en commençant à travailler la terre.
Lubombo est l'une des régions les plus chaudes d'Eswatini. Alors que Bongani désherbe son champ, la température a déjà dépassé les 34 degrés.
«J'enlève les mauvaises herbes pour que mon maïs pousse correctement», explique-t-il. «Si je laissais les mauvaises herbes prendre le dessus, les plants deviendraient très minces et n'offriraient pas une bonne récolte.»
Plus tôt dans la saison, Bongani a suivi une formation agricole, à l'issue de laquelle il a reçu une subvention d'environ 70 euros. Il a investi cet argent dans des semences de maïs plus résistantes à la sécheresse, car le changement climatique a rendu les pluies plus irrégulières et accru la sécheresse.
Environ 70 % de la population de l'Eswatini dépend directement de l'agriculture pour sa subsistance. C'est pourquoi l'évolution des conditions météorologiques est extrêmement préoccupante.
«Les récentes vagues de chaleur ont vraiment rendu l'agriculture plus difficile. Le maïs ne doit pas recevoir trop de lumière du soleil lorsqu'il fleurit. La pluie est importante à ce stade. La dernière fois que le maïs a fleuri, il n'y a pas eu de pluie du tout, et ma récolte a donc été inférieure à ce que j'avais prévu.»
Le champ de maïs revêt une grande importance pour Bongani. «Il me permet de nourrir ma famille, mais aussi de vendre une partie des récoltes et d'obtenir de l'argent», précise t-il. «Cet argent m'aide à scolariser mes enfants. J'ai cinq enfants avec ma chère épouse. Maintenant, je peux leur acheter des manuels scolaires et d'autres fournitures scolaires, comme des stylos. Si je gagne assez d'argent, je peux aussi leur acheter des chaussures pour aller à l'école.»
L'insécurité alimentaire prolongée
Comme partout ailleurs en Afrique australe, les habitants de l'Eswatini souffrent d'une crise grave et prolongée de la sécurité alimentaire qui a débuté en 2015.
La sécheresse causée par le phénomène El Niño, renforcée par le changement climatique et l'irrégularité des pluies et des inondations depuis lors, a endommagé les récoltes année après année.
Bongani est l'une des 25 500 personnes incluses dans le projet triennal financé par l'Union européenne pour améliorer la sécurité alimentaire au moyen d'une assistance en espèces. Outre la Croix-Rouge finlandaise, le projet inclut la Croix-Rouge de Baphalali Eswatini et la Croix-Rouge belge des Flandres.
Pour les bénéficiaires des subventions en espèces, comme Winile Masuku, l'aide en espèces a permis d'acheter de la nourriture comme du riz, de la farine de maïs et de l'huile de cuisson à un moment où les sources de nourriture habituelles sont beaucoup moins abondantes et plus chères.
«Avant de recevoir une aide financière, nous dépendions de nos voisins», explique Winile, assise devant sa maison, dont les murs sont faits de branches tressées et de pierres.
«Aujourd'hui, je peux m'occuper de ma propre famille.»
Le jardinage pour le changement
Si tout le monde n'est pas agriculteur, de nombreux habitants de l'Eswatini cultivent une partie de leur nourriture quotidienne dans des jardins communautaires locaux. C'est l'une des raisons pour lesquelles ce projet de résilience climatique vise également à faire revivre la tradition des jardins communautaires.
Une partie de cet effort comprend des formations dispensées par le ministère de l'agriculture sur la manière la plus efficace d'entretenir les jardins communautaires face à des conditions climatiques plus extrêmes. Après chaque formation, les participants reçoivent une subvention d'environ 35 euros pour acheter des semences, par exemple. Les participants sont encouragés à utiliser des variétés de cultures moins gourmandes en eau.
«Le jardin offre une stabilité à ma famille, car je m'y emploie et je m'occupe de ma famille», explique Sibongile, l'une des participantes. «La récolte du jardin me permet de nourrir ma famille, et je peux aussi vendre certaines récoltes pour obtenir de l'argent pour l'éducation de mes enfants.»
La santé en milieu rural
Il est également important de veiller à ce que les gens restent en bonne santé, car la sécheresse et la chaleur peuvent créer des conditions qui exacerbent la propagation des maladies et des symptômes tels que la déshydratation. C'est pourquoi le projet financé par l'UE soutient également la communauté dans la préparation aux épidémies et aux pandémies.
La Croix-Rouge de Baphalali Eswatini gère trois cliniques dans le pays, et le projet soutient leur capacité à répondre à différentes épidémies, telles que les maladies diarrhéiques, la tuberculose et le VIH.
« Chaque matin, nous donnons des conseils de santé, c'est-à-dire que nous indiquons aux patients les épidémies en cours», explique Phumlile Gina, infirmière à la clinique de Hosea Inkhundla, dans la région de Shiselweni.
«En ce moment, nous les informons sur les vaccinations, notamment contre le coronavirus et la tuberculose. Nous mettons également l'accent sur l'hygiène : nous expliquons combien il est important de se laver les mains et nous rappelons également aux gens de laver leurs récipients d'eau de temps en temps».
«Certains de nos patients, ici à la campagne, manquent cruellement de ressources financières», ajoute-t-elle. «Ils peuvent venir à la clinique pour une toute autre raison, une grippe par exemple. Mais nous pouvons alors remarquer que la croissance de l'enfant du patient est manifestement retardée et qu'il y a des raisons de soupçonner une malnutrition».
«Nous sommes également en mesure de prendre en charge ces situations et de surveiller l'état des patients. C'est très agréable lorsqu'un patient revient à la clinique après six mois et dit que son enfant va très bien et qu'il joue comme les autres enfants».
Le partenariat programmatique entre le réseau de l'IFRC et l'Union européenne fournit un financement stratégique, flexible, à long terme et prévisible, afin que les Sociétés nationales puissent agir avant qu'une situation d'urgence ne se produise. Il est mis en œuvre dans le monde entier, y compris dans 13 pays d'Afrique.