Crise de la faim au Kenya: Les voix de la sécheresse

Scolastica Esekon peers out from her home in Isiolo county, Kenya, where she and her community are suffering due to the failure of four consecutive rainy seasons

Scolastica Esekon regarde depuis sa maison dans le comté d'Isiolo, au Kenya, où elle et sa communauté souffrent de l'échec de quatre saisons des pluies consécutives.

Photo: IFRC/Esa Salminen

Le Kenya est l'un des nombreux pays d'Afrique subsaharienne qui connaissent actuellement l'une des crises alimentaires les plus alarmantes depuis des décennies.

En raison d'une grave sécheresse, due à l'échec de quatre saisons des pluies consécutives, des millions de personnes dans le pays sont confrontées à la faim et à la soif.

Mais la sécheresse n'est pas le seul problème. L'inflation élevée, les catastrophes climatiques, les conflits et les déplacements ne sont que quelques-uns des autres facteurs locaux et mondiaux  qui mettent gravement en danger la vie des gens dans tout le pays.

En raison de la crise de la faim, nous constatons également une augmentation du nombre de mariages d'enfants, une hausse du taux d'abandon scolaire et une escalade des conflits, les populations essayant de s'en sortir et d'accéder aux précieuses ressources.

La Croix-Rouge du Kenya, soutenue par l'IFRC, aide les communautés touchées à protéger leurs vies et leurs moyens de subsistance pendant cette crise. Ses volontaires locaux distribuent de la nourriture, remettent en état des sources d'eau, effectuent des transferts d'argent et soutiennent l'alimentation de la population, touchant ainsi plus de 100 000 foyers à ce jour.

Dans cet article, nous vous présentons des personnes que nous avons soutenues et qui expliquent comment cette sécheresse historique affecte leur vie et celle de leurs familles.

Scolastica Esekon, Aukot Village, Ngaremara, Isiolo
Scolastica Esekon, du comté d'Isiolo, au Kenya, porte sur sa tête un seau d'eau potable qu'elle a recueilli dans un puits creusé par des volontaires de la Croix-Rouge kenyane pour aider les communautés à faire face à la sécheresse actuelle.

Scolastica Esekon, du comté d'Isiolo, au Kenya, porte sur sa tête un seau d'eau potable qu'elle a recueilli dans un puits creusé par des volontaires de la Croix-Rouge kenyane pour aider les communautés à faire face à la sécheresse actuelle.

Photo: IFRC/Esa Salminen

"J'ai eu la chance d'avoir huit enfants. Maintenant qu'il fait sec et que nos bêtes sont partis ailleurs, chercher du pâturage, nous risquons de finir la journée sans nourriture. Nous avons perdu notre  bétail  et, en même temps, les prix ont augmenté. Je peux obtenir 200 ou 500 shillings par jour grâce aux travaux manuels, c'est suffisant pour un repas, et nous avons de nouveau faim le soir.

La vie est dure pour les femmes. Les jeunes sont partis avec les animaux pour chercher de l'herbe. Cela peut prendre plusieurs jours, puis on entend dire que des voleurs de bétail ont tué les hommes. Et certains se suicident même. L'eau a beaucoup aidé et nous pouvons remercier Dieu de nous avoir apporté des aides qui ont creusé des puits.

Lorsque je rentre du travail la nuit, je peux obtenir de l'eau à proximité. Avant, je devais marcher pendant plusieurs heures, et je pouvais rentrer à la maison sans eau, à cause des éléphants qui pouvaient nous chasser. Maintenant, ce n'est plus un problème".

Ebenyo Muya, Aukot Village, Ngaremara, Isiolo
A portrait of Ebenyo Muya, a father from Isiolo county, Kenya

A portrait of Ebenyo Muya, a father from Isiolo county, Kenya

Photo: IFRC/Esa Salminen

"La sécheresse s'est abattue sur nous tous. Nous recevons de l'aide, mais elle n'arrive pas souvent et ne dure pas longtemps. Nous sommes vraiment reconnaissants pour le projet d'eau que la Croix-Rouge du Kenya nous a donné. Nous aurions également besoin de canalisations pour l'irrigation, afin de pouvoir commencer à cultiver.

Notre plus gros problème est la sécheresse. Les arbres sont secs et les animaux ont disparu. Sans l'eau de la Croix-Rouge, nous serions vraiment en difficulté. Les enfants sont faibles, et nous n'avons rien à leur donner. Certaines personnes ont encore du bétail, mais elles ne peuvent pas le vendre, car les animaux sont trop maigres.

Mon bétail de 48 vaches a été volé il y a quelques années. La sécheresse a aggravé les conflits. Je pense que l'agriculture pourrait être une bonne option pour nous. Si les enfants peuvent aller à l'école, ils seront en mesure de changer l'avenir."

Farhiya Abdi Ali, Site d'Abakaile, Garissa
Portrait de Farhiya Abdi Ali, commerçante du comté de Garissa, au Kenya.

Portrait de Farhiya Abdi Ali, commerçante du comté de Garissa, au Kenya.

Photo: IFRC/Esa Salminen

"Dans le passé, la vie était normale et les affaires étaient bonnes. Nous obtenions du lait et de la viande des animaux. Maintenant, il n'y a plus de lait et les animaux sont trop maigres pour être abattus.

Mon magasin ne marche pas bien, car les gens n'ont pas d'argent pour acheter des marchandises. Les grossistes m'ont dit que je ne pouvais rien obtenir. Mais quand la Croix-Rouge est venue et a donné aux gens une aide en espèces, j'ai reçu de l'argent des gens et j'ai pu à nouveau acheter des choses.

J'ai moi-même reçu une subvention et j' ai utilisé une partie pour acheter des articles pour le magasin et pour payer les frais de scolarité de mes enfants, qui sont au lycée. La vie est meilleure maintenant et les gens sont soulagés".

Abdi Buke Tinisa, Site de Sericho , Isiolo
Abdi Buke Tinisa, de la localité de Sericho, dans le comté d'Isiolo, au Kenya, se tient debout avec son bétail restant. Beaucoup ont péri à cause de la sécheresse qui sévit dans le pays.

Abdi Buke Tinisa, de la localité de Sericho, dans le comté d'Isiolo, au Kenya, se tient debout avec son bétail restant. Beaucoup ont péri à cause de la sécheresse qui sévit dans le pays.

Photo: IFRC/Esa Salminen

"La Croix-Rouge a creusé un puits pour nous, et les vaches peuvent boire, même s'il n'y a pas de pâturage ici. La sécheresse a été très grave. Avant, les animaux mangeaient et rentraient chez eux tôt le soir parce qu'ils avaient assez mangé. Maintenant, les animaux cherchent de la nourriture et restent debout toute la nuit à la recherche d'herbe. Certains restent près de l'eau et sont tués par des animaux sauvages la nuit.

Cette sécheresse a apporté avec elle beaucoup de peur. J'avais 50 vaches, mais seules 12 sont encore en vie. Je ne pense pas non plus qu'elles survivront jusqu'aux prochaines pluies, elles sont en mauvais état.

Les enfants sont généralement allés à l'école, mais maintenant le problème est celui des frais de scolarité. Nous n'avons pas toujours assez d'argent pour acheter de la nourriture pour les enfants, comment pourrions-nous avoir de l'argent pour les frais de scolarité ?".

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