Soudan : « l'année la plus difficile » après le déclenchement du conflit

Antasar Jouma Adam and her son have been forced to flee their home and found refuge in Port Sudan, Sudan.

Antasar Jouma Adam et son fils ont été contraints de fuir leur maison et ont trouvé refuge à Port-Soudan, au Soudan.

Photo: Mohamed al Ibrahimi Ismaldeen/CICR

Un an après la flambée de violence au Soudan qui a tué des milliers de personnes et en a déplacé 8,6 millions d'autres, les volontaires et le personnel du Croissant-Rouge soudanais (CRS) continuent de travailler 24 heures sur 24 avec des ressources limitées pour répondre aux besoins humanitaires massifs.

Wajdan Hassan Ahmed est volontaire au sein de sa Société nationale depuis 16 ans. Elle décrit les 12 mois qui ont suivi le 15 avril 2023 - lorsque les habitants de la capitale Khartoum se sont réveillés au son terrifiant des tirs et des explosions - comme l'année la plus difficile de sa vie.

« Les histoires que j'ai vécues au début de la guerre - les évacuations de personnes défigurées par les éclats de bombes, les histoires de pères qui avaient perdu leurs filles, de mères qui avaient perdu leurs enfants, de parents qui avaient perdu toute leur famille... toutes ces histoires sont restées en moi, et je ne peux pas les oublier», a-t-elle déclaré.

Wajdan Hassan Ahmed, volontaire du Croissant-Rouge du Soudan, tient un jeune enfant dans ses bras lors d'une visite dans un camp de personnes déplacées à Port-Soudan.

Wajdan Hassan Ahmed, volontaire du Croissant-Rouge du Soudan, tient un jeune enfant dans ses bras lors d'une visite dans un camp de personnes déplacées à Port-Soudan.

Photo: Mohamed al Ibrahimi Ismaldeen/CICR

Soutien psychosocial

Wajdan et ses collègues du Croissant-Rouge ont non seulement aidé à évacuer les gens et à les mettre en sécurité loin des combats, mais ils ont également apporté un soutien psychosocial indispensable, ainsi que de la nourriture, de l'eau et des informations.

De nombreuses familles ont été séparées dans la panique provoquée par les violences, et les déplacements qui en ont résulté à l'intérieur et à l'extérieur du Soudan ont éloigné les gens de leurs proches. Le service de rétablissement des liens familiaux du Croissant-Rouge soudanais continue d'aider à les relier et à les réunir.

« Nous travaillons d'arrache-pied pour réunir les familles qui ont été séparées de leurs enfants  », explique M. Wajdan. "Certains sont âgés de sept à dix ans, d'autres ont des âges différents. 

Wajdan Hassan Ahmed, infirmière volontaire du Croissant-Rouge sudanais, ainsi que d'autres volontaires et des familles déplacées préparent un repas dans un camp de personnes déplacées, à Port-Soudan, au Soudan.

Wajdan Hassan Ahmed, infirmière volontaire du Croissant-Rouge sudanais, ainsi que d'autres volontaires et des familles déplacées préparent un repas dans un camp de personnes déplacées, à Port-Soudan, au Soudan.

Photo: Mohamed al Ibrahimi Ismaldeen/CICR

Cliniques médicales

Les équipes du Croissant-Rouge soudanais ont également mis en place des dispensaires fixes et mobiles afin d'aider les personnes à risque à obtenir les soins dont elles ont besoin, où qu'elles se trouvent. On estime que 80 % des établissements de santé du Soudan ont cessé de fonctionner depuis le début de la crise, ce qui exerce une forte pression sur les services de santé communautaires du Croissant-Rouge.

En tant qu'organisation neutre et impartiale bénéficiant de la confiance de milliers de volontaires hautement qualifiés et d'une présence permanente dans les communautés des 18 États, le Croissant-Rouge du Soudan a été en première ligne de la réponse apportée au cours de l'année écoulée. Environ 4 000 volontaires ont été directement impliqués dans la réponse à l'urgence.

L'IFRC travaillait en étroite collaboration avec les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et le CICR bien avant le début du conflit et continuera à le faire tant que des personnes seront dans le besoin. De nombreuses sociétés nationales partenaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont également apporté leur soutien, leurs ressources et leur personnel pour renforcer les opérations de réponse. Il s'agit notamment des Sociétés nationales du Danemark, de l'Allemagne, des Pays-Bas, de la Norvège, du Qatar, de l'Espagne, de la Suède, de la Suisse et de la Turquie.

Insuffisance de financement

L'IFRC a lancé un appel d'urgence pour soutenir le Croissant-Rouge du Soudan, mais cet appel reste sous-financé.

Un appel régional pour les mouvements de population a également été lancé pour aider les Sociétés nationales d'Égypte, du Tchad, du Sud-Soudan, de la République centrafricaine, d'Éthiopie et de Libye à venir en aide aux personnes déplacées du Soudan.

Ces deux appels sont essentiels pour fournir de l'aide et des secours aux personnes touchées par la crise actuelle au Soudan et dans les régions avoisinantes. Des fonds supplémentaires sont nécessaires pour répondre aux besoins urgents de ces populations vulnérables.

L'appel à action

L'IFRC et le Croissant-Rouge soudanais appellent toutes les parties en présence au Soudan à réfléchir aux défis humanitaires posés par le conflit. Malgré l'aide mobilisée - environ 10 pour cent du total requis - rien ne pourra combler ces lacunes si l'on ne s'attaque pas aux causes profondes.

Le réseau de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge appelle toutes les parties à s'unir dans l'intérêt de l'humanité et des personnes, y compris les enfants, qui souffrent de ce conflit. Il invite les populations du monde entier à soutenir les appels d'urgence qui nous aideront à faire en sorte que les communautés et les familles touchées puissent surmonter cette crise, qui entre maintenant dans sa deuxième année.