Choléra : La détection précoce par un volontaire de la Croix-Rouge camerounaise permet de limiter l'épidémie
En novembre 2024, Rouyatou, volontaire de la Croix-Rouge camerounaise originaire de Maroua, vaquait à ses occupations lorsqu'elle a reçu un appel urgent de l'une de ses voisines, Habiba. Cette dernière avait soudainement été prise de douleurs à l'estomac, d'une diarrhée aiguë et de vomissements.Rouyatou s'est précipitée chez Habiba. Grâce à la formation qu'elle avait reçue de l'IFRC, de la Croix-Rouge camerounaise et de la Croix-Rouge française en surveillance à base communautaire, Rouyatou savait reconnaître les signes de différentes maladies et les signaler rapidement à l'aide d'un outil numérique sur son téléphone appelé Nyss."Quand j'ai vu Habiba, j'avais une solution de réhydratation orale (SRO) avec moi, alors je lui ai donné un sachet et je l'ai orientée vers l'hôpital le plus proche. J'ai également alerté directement mon superviseur qu'il s'agissait potentiellement d'un cas de choléra", explique Rouyatou.Dès réception de l'alerte, le superviseur de Rouyatou l'a appelée pour discuter des symptômes d'Habiba et a immédiatement transmis l'alerte aux autorités sanitaires locales, déclenchant une réponse rapide pour enrayer la propagation de la maladie.Dans les jours qui ont suivi, les équipes de la Croix-Rouge camerounaise ont fait partie intégrante de la réponse à l'épidémie de choléra, continuant à alerter les autorités sur les cas potentiels et menant un large éventail d'activités pour assurer la sécurité de la communauté.« Nous avons travaillé dur pour sensibiliser la communauté à l'épidémie, en visitant les gens chez eux, dans les mosquées, les points d'eau, les églises et les marchés, et en diffusant des messages à la radio. Nous avons expliqué aux gens l'importance d'une bonne hygiène et leur avons montré comment rendre leur eau potable. Nous avons également procédé à la désinfection des maisons du quartier », explique Ali Adoum, président du district de Maroua 3 de la Croix-Rouge camerounaise.Plus fort, plus rapide, plus proche, plus sûrCes dernières années, le Cameroun a connu des épidémies répétées de choléra, la région de l'Extrême-Nord étant l'une des plus touchées. Mais une préparation et une réponse efficaces permettent de minimiser l'impact de ces épidémies et de les stopper net.Dans le cadre du partenariat programmatique avec l'Union européenne, l'IFRC et la Croix-Rouge française se sont associées pour renforcer la capacité de préparation aux épidémies de la Croix-Rouge camerounaise, accélérer la réponse aux flambées, rapprocher l'assistance sanitaire des communautés et protéger les populations contre les épidémies.« La région de l'Extrême-Nord du Cameroun est sujette aux épidémies de choléra en raison de l'accès limité des communautés aux installations d'hygiène et d'assainissement et de la vulnérabilité de la région aux inondations. Dans le cadre du programme, nous avons pensé qu'il serait utile de former des volontaires communautaires à reconnaître et à notifier à temps les cas potentiels de choléra dans la communauté, afin que nous puissions agir rapidement pour maîtriser les épidémies », explique Chimène Kenmeugne Tchuente, responsable adjointe du pilier Préparation aux épidémies du programme de la Croix-Rouge française au Cameroun.Outre la formation, le partenariat programmatique a également fourni aux agents de santé locaux, avant l'épidémie, du matériel de lavage des mains et des kits de lutte contre le choléra (sérums de réhydratation orale, sérums de glucose et aquatabs pour la désinfection de l'eau), qui ont pu être rapidement utilisés dans le cadre de l'intervention.L'épidémie est peut-être terminée, mais la préparation ne s'arrête jamaisL'épidémie de choléra de novembre 2024 à Maroua a été contenue en quatre semaines. Habiba, la première personne à avoir contracté le choléra lors de l'épidémie, et qui a reçu le soutien de Rouyatou, s'est complètement rétablie.127 cas ont été enregistrés, dont deux décès confirmés. Si un seul décès dû au choléra est une grande tragédie, les autorités sanitaires locales indiquent que l'épidémie aurait probablement été bien plus grave et aurait fait encore plus de victimes sans l'aide de la Croix-Rouge camerounaise :« Grâce à la Croix-Rouge, l'épidémie de choléra qui s'est déclarée dans le quartier a pu être maîtrisée ceci par la fourniture de médicaments, au soutien logistique et au travail de sensibilisation des volontaires communautaires dans le quartier. Je tiens à remercier la Croix-Rouge pour son soutien, pour son action rapide et efficace qui a permis de limiter les dégâts dans notre district », déclare Dama Patrice, chef du bureau de santé du district de Maroua 3.Bien que l'épidémie de choléra ait été endiguée, les volontaires de la Croix-Rouge camerounaise poursuivent leurs efforts de sensibilisation afin d'informer la population sur les risques liés aux maladies, de s'assurer qu'elle sait comment se protéger et de surveiller de près les événements sanitaires inhabituels.C'est Rouyatou qui le dit le mieux :« Si nous n'avions pas détecté ce cas, imaginez.... Toute la communauté souffrirait de cette maladie. Je veux le meilleur pour ma communauté, et surtout je veux la voir en bonne santé. Je suis donc fière d'être volontaire.--Les activités décrites ci-dessus ont été rendues possibles grâce au partenariat programmatique avec l'Union européenne - un partenariat novateur et pluriannuel entre l'IFRC, les sociétés nationales membres et l'UE pour aider les communautés du monde entier à réduire leurs risques et à être mieux préparées aux catastrophes et aux urgences sanitaires.