Somalie : Lutter contre la malnutrition dans un contexte de sécheresse
Dans toute la Corne de l'Afrique, les populations entament leur sixième saison des pluies sans pluie.
Depuis deux ans et demi, l'eau qui remplit les points d'eau communautaires, nourrit le bétail et fait pousser les légumes, ne coule plus. Les eaux de surface ont disparu et l'environnement, parfois verdoyant, est sec et poussiéreux.
La sécheresse actuelle, associée au conflit et à la hausse des prix des denrées alimentaires, a conduit à l'insécurité alimentaire, aux déplacements de population et à la mort du bétail. Cette situation affecte les moyens de subsistance et la santé des populations et entraîne la malnutrition.
Dans tout le pays, les équipes du Croissant-Rouge de Somalie (CRS) gèrent des dispensaires fixes et mobiles qui desservent les communautés rurales et isolées dans les zones difficiles d'accès. Ces cliniques fournissent des soins de santé de base et des vaccinations de routine, ainsi qu'un dépistage de la malnutrition et un soutien nutritionnel. Le personnel oriente les cas graves de malnutrition vers des centres médicaux et des hôpitaux plus importants.
Ces derniers mois, les équipes du Croissant-Rouge de Somalie (CRS) ont signalé un nombre croissant d'enfants souffrant de malnutrition et ayant besoin d'un soutien nutritionnel.
Voici quelques-unes des familles qu'elles ont aidées.
Basra Ahmed Cabdale a amené ses enfants dans une clinique du Croissant-Rouge de Somalie près de Borama pour qu'ils soient soumis à un dépistage de la malnutrition. Sa fille, Nimco Adbikadir Hassan, âgée de 3 ans, souffre d'une malnutrition modérée.
Mme Cabdale a expliqué qu'avant la sécheresse, sa famille mangeait des tomates et des oignons avec du sorgho et du maïs. Elle consommait également le lait et la viande de ses animaux. Cependant, sans eau, les cultures ne poussent pas, le bétail meurt et ils doivent vendre leurs animaux pour acheter de la nourriture et des produits de première nécessité au marché local.
« Notre plus grande inquiétude est la perte de nos animaux et le manque de nourriture», a-t-elle déclaré. «Il faut deux heures (pour se rendre au point d'eau) et nous devons former une longue file d'attente pour l'obtenir.»
Halima Mohmoud Abah s'est rendue à la clinique du Croissant-Rouge de Somalie, dans un village proche de Berbera, avec quatre de ses enfants. Elle s'inquiétait du poids de son bébé et de sa fille Mardiye Abdullahi Ali, âgée de 4 ans. Pendant que l'on mesurait la taille, le poids et le tour de bras de Mardiye, Halima a fait part de certaines de ses préoccupations.
«Il y a une sécheresse, l'eau pour le bétail est limitée et il n'y en a pas assez pour les cultures», dit-elle.
Lorsque Mardiye reçoit ses résultats, elle est à la limite de la malnutrition.
«Je suis inquiète pour la santé des enfants», dit-elle. «Si cela continue, il en résultera de mauvaises choses... la mort d'animaux et d'êtres humains».
Au dispensaire du Croissant-Rouge de Somalie à Burao, le personnel s'assure que tous les enfants souffrant de malnutrition aiguë ou modérée reçoivent un supplément nutritionnel riche en calories - Plumpy'Sup ou Plumpy'Nut.
Les enfants comme Maslah Yasin Usman reçoivent leur premier supplément à la clinique, et leurs mères en reçoivent une quantité suffisante pour les ramener à la maison.
Sa mère, Farhiya Abdi Ahmed, est l'une des nombreuses mères qui amènent leurs enfants à la clinique pour un dépistage.
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La Somalie est l'un des nombreux pays d'Afrique subsaharienne actuellement confrontés à l'une des pires crises alimentaires depuis des décennies.
L'IFRC soutient les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de la région, notamment le Croissant-Rouge de Somalie, afin de protéger la vie, les moyens de subsistance et les perspectives de millions de personnes.
En savoir plus sur notre appel pour la crise de la faim en Afrique.
Somalie : La probabilité de famine augmentera d'environ 25 % si les personnes déplacées ne reçoivent pas l'aide dont elles ont besoin.
Nairobi/Genève, 19 Decembre 2022 - La pire sécheresse qu'ait connue la Somalie depuis 40 ans oblige de plus en plus de personnes à quitter leur foyer à la recherche de sécurité alimentaire et de pâturages plus verts pour le bétail. Si l'on n'accorde pas une attention particulière aux personnes déplacées, la probabilité de famine augmentera d'environ 25 %, selon les estimations de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC).
La crise de la faim qui sévit actuellement en Somalie n'atteint pas encore le seuil de catégorisation de la famine, selon le dernier rapport de l'Integrated Food Security Phase Classification (IPC) - l'organisation internationale chargée de surveiller la faim dans le monde - mais la situation devrait s'aggraver dans les mois à venir. L'IPC prévoit une famine entre avril et juin 2023 dans certaines parties de la Somalie.
Mohammed Mukhier, Directeur Régional de l'IFRC pour l'Afrique explique:
"Le déplacement est l'un des quatre principaux facteurs, ou "multiplicateurs de menace de famine", en Somalie. Les trois autres facteurs sont l'aggravation de la sécheresse, l'augmentation des prix des denrées alimentaires et les combats. En répondant efficacement aux besoins uniques des personnes déplacées, on réduira considérablement la probabilité de famine."
Plus d'un million de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer alors que la crise alimentaire fait rage - et ce nombre devrait augmenter. Le nombre croissant de personnes déplacées dans des installations temporaires déjà surpeuplées limitera l'accès à l'eau potable, à l'assainissement, à la nutrition et aux services de santé. En outre, bien que certaines personnes déplacées vivent avec leurs amis et leurs proches, cet arrangement met une pression supplémentaire sur les familles d'accueil, qui partagent leurs réserves alimentaires limitées avec leurs invités. Fournir aux personnes déplacées une aide humanitaire sur mesure est l'un des moyens les plus efficaces d'éviter que les familles d'accueil ne sombrent elles-mêmes dans la faim, tout en veillant à ce que les personnes en déplacement répondent à leurs besoins nutritionnels.
Apporter une aide humanitaire à des familles qui se déplacent continuellement est l'un des plus grands défis que doivent relever les travailleurs humanitaires. L'une des méthodes utilisées par les équipes du Croissant-Rouge somalien, soutenues par l'IFRC, consiste à atteindre les communautés nomades avec des cliniques mobiles afin de fournir des services de santé de base dans les régions reculées du pays.
Parmi les actions urgentes à mener pour réduire la probabilité de famine figurent le renforcement des services de santé et de nutrition, l'aide en espèces et les abris.
Mukhier ajoute: "Nous réitérons notre appel à donner la priorité à la crise alimentaire croissante en Somalie, la pire sécheresse du pays depuis 40 ans. En tant qu'organisation, nous nous concentrons sur les personnes déplacées, en raison de notre capacité unique à leur apporter de l'aide."
La Société du Croissant-Rouge somalien dispose d'un réseau national de branches et d'un grand nombre de volontaires dans toutes les régions du pays. Il dispose également d'un vaste réseau d'établissements de santé. Les équipes du Croissant-Rouge se concentrent sur la distribution d'argent liquide aux familles pour répondre à leurs besoins alimentaires, sanitaires et autres besoins urgents. L'argent liquide donne aux gens la liberté de choisir ce dont ils ont le plus besoin pour aider leur famille à rester en bonne santé et est plus pratique pour les communautés nomades qui, autrement, devraient transporter de l'aide en nature lors de leurs déplacements.
Selon l'IPC, la saison des pluies d'avril à juin 2023 devrait être inférieure à la normale et il existe une probabilité de 62 % que les précipitations cumulées se situent dans le tercile inférieur. Cela représentera la sixième saison de précipitations inférieures à la moyenne. Les prix des denrées alimentaires resteront également élevés, et l'insécurité limitera l'accès aux marchés et entravera l'aide humanitaire. Les personnes déplacées seront parmi les plus touchées.
Pour plus d'informations, merci de contacter:
A Nairobi: Euloge Ishimwe, +254 735 437 906, [email protected]
A Dakar: Moustapha DIALLO, +221 77 450 10 04 [email protected]
A Genève: Jenelle Eli, +1 202 603 6803 [email protected]
Afrique: Crise alimentaire
L'Afrique subsaharienne connaît l'une des crises alimentaires les plus alarmantes depuis des décennies, tant par sa gravité que par son étendue géographique. Environ 146 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire aiguë et ont besoin d'une aide humanitaire urgente. La crise est due à une série de facteurs locaux et mondiaux, notamment l'insécurité et les conflits armés, les événements météorologiques extrêmes, la variabilité climatique et les impacts macroéconomiques négatifs. Par le biais de cet appel d'urgence régional, l'IFRC soutient de nombreuses Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à travers l'Afrique afin de protéger la vie, les moyens de subsistance et l'espoir de millions de personnes.
Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge lance un cri d’alarme : pas question de céder à la lassitude au moment où la famine s’étend dans le monde
Genève, 13 septembre 2022, (CICR/IFRC) – Les feux de détresse clignotent dangereusement: conflits armés, urgences climatiques, difficultés économiques et obstacles politiques font que la famine s’étend un peu partout à travers le monde. Sans une action d’urgence et immédiate, la misère dans laquelle vivent des millions de personnes ne peut que s’aggraver.
Si l’on veut sortir de l’engrenage des crises à répétition, il faut apporter des améliorations systémiques, notamment investir dans une production vivrière adaptée au climat dans les régions touchées par un conflit, et dans des mécanismes d’aide fiables aux populations isolées, victimes de pénuries alimentaires et de la flambée des prix. Voilà en substance ce que disent la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération internationale) et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à la veille de l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Le conflit armé international en Ukraine a fortement ébranlé les systèmes mondiaux d’approvisionnement alimentaire et compromis les récoltes futures dans de nombreux pays à cause de ses conséquences sur l’accès aux engrais. L’importance d’accélérer les exportations de céréales en application de l’Initiative céréalière de la mer Noire ne saurait être surestimée. La quantité de céréales parvenant aux populations vulnérables d’Afrique de l’Est est encore très insuffisante.
Si les situations de famine font les gros titres des journaux, la crise risque fort d’induire un sentiment de lassitude. Pourtant, l’ampleur et l’énormité des besoins a quelque chose d’effrayant en ce moment. Plus de 140 millions de personnes sont en état d’insécurité alimentaire sévère à cause des conflits et de l’instabilité, à un moment où le changement climatique et la précarité économique laissent présager un accroissement des besoins alimentaires dans les prochains mois.
C’est maintenant qu’il faut faire preuve de volonté politique et débloquer des ressources. Sans elles, de nombreuses personnes mourront et les souffrances dureront des années. Une intervention d’urgence ne mettra pas fin à elle seule à ces faminesUne action concertée et des stratégies à long terme sont les seuls moyens de sortir de cet engrenage.
Tout en répondant aux besoins d’urgence, il est essentiel de jeter les bases de la résilience. Gouvernements, secteurs privés, organisations d’aide humanitaire et de développement doivent redoubler d’efforts et financer des plans pour préserver à long terme la sécurité alimentaire, les moyens d’existence et la résilience.
Des mesures diverses s’imposent. Il importe notamment d’investir dans le renforcement des systèmes alimentaires et des acteurs locaux pour asseoir la sécurité alimentaire et économique sur des bases durables. Il faut notamment anticiper et fonder son action en faveur de la sécurité alimentaire sur des prévisions et une analyse des risques.
Francesco Rocca, Président de l'IFRCa déclaré:
«Près de 25 pays d’Afrique traversent la pire crise alimentaire qu’ils aient connue depuis des décennies. Quelque 22 millions de personnes dans la Corne de l’Afrique se débattent avec la famine, qui est la résultante de divers facteurs tels que la sécheresse, les inondations, les conséquences économiques du Covid-19, les conflits, et même l’invasion des criquets pèlerins. Derrière ces chiffres ahurissants, ce sont des êtres humains en chair et en os – des hommes, des femmes et des enfants – qui se battent chaque jour contre la faim et la mort. Et l’on s’attend à ce que la situation se dégrade encore en 2023. Pourtant, une action rapide permettrait de sauver de nombreuses vies. Il faut agir d’urgence, et massivement, pour accroître l’aide dont dépend la vie de millions de personnes et pour s’attaquer résolument aux causes profondes de cette crise en prenant des engagements à long terme».
L'IFRC et ses membres – des équipes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge présentes dans pratiquement tous les coins du monde – font parvenir de l’aide aux communautés isolées. De l’argent en espèces est distribué aux familles pour leur permettre de se nourrir, de se soigner et de subvenir à d’autres besoins urgents. Au Nigéria, les volontaires de la Croix-Rouge veillent d’abord à la nutrition des femmes enceintes ou allaitantes, dont dépend la santé des enfants à naître ou déjà nés. À Madagascar, les volontaires remettent en état les ressources en terres et en eau en luttant contre l’érosion, en construisant des points d’eau et font porter leurs efforts sur l’irrigation, ainsi que sur d’autres moyens traditionnels de lutte contre la faim tels que la surveillance nutritionnelle.
Peter Maurer, Président du CICR, a déclaré:
«Le conflit est une cause majeure de la faim. La violence empêche les cultivateurs de semer et de récolter. Les sanctions et blocus font obstacle aux livraisons de vivres aux plus vulnérables. Mon souhait est de voir la résilience imbriquée dans l’action humanitaire, afin que les populations souffrent moins lorsque la violence et le changement climatique bouleversent leur vie. Il ne suffira pas d’enchaîner les solutions de fortune dans les années à venir.»
Le CICR a aidé cette année près d’un million de personnes du sud et du centre de la Somalie à acheter de quoi se nourrir pendant un mois en distribuant de l’argent liquide à plus de 150000ménages. Un programme similaire au Nigéria a porté secours à 675000 personnes, tandis que 250000 personnes ont reçu des intrants adaptés au climat pour leur permettre de remettre en route la production agricole. Le CICR s’attache à renforcer la résilience par le biais des semences, des outils et des soins au bétail pour que les habitants puissent mieux absorber les chocs à répétition. Et ses équipes médicales tiennent des centres de stabilisation dans des pays comme la Somalie, où les enfants reçoivent des soins et une nutrition spécialisés.
Un peu partout à travers le monde, des populations se débattent avec les plus grandes difficultés. Voici un bref aperçu de certaines des régions en détresse:
En Afrique subsaharienne: Un enfant de moins de cinq ans sur trois souffre de sous-alimentation chronique et de rachitisme, tandis que deux femmes en âge de procréer sur cinq sont anémiées du fait d’un régime alimentaire trop pauvre. La majorité des gens en Afrique subsaharienne vivent avec moins de 1,90 dollar par jour.
En Afghanistan: Trente ans de conflit armé, combinés à l’effondrement de l’économie qui réduit les possibilités d’emploi et à une crise bancaire massive, ont des effets dévastateurs sur le pouvoir d’achat des familles afghanes. Plus de la moitié de la population du pays – 24 millions – a besoin d’aide. Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se réjouit de toute mesure destinée à alléger les effets des sanctions économiques. Mais, vu la gravité de la crise humanitaire, il faut aussi apporter des solutions à long terme, veiller notamment à ce que reprennent les projets et les investissements des États et des organismes de développement dans les infrastructures essentielles.
Au Pakistan: Les récentes inondations ont provoqué des pertes estimées à 12 milliards de dollars. Si l’insécurité alimentaire, qui touchait 43% de la population, était alarmante avant cette dernière catastrophe, il faut s’attendre maintenant à une augmentation sensible de la population menacée par la famine. Quelque 78000 kilomètres carrés de cultures sont sous l’eau. Environ 65% de la base alimentaire du pays – des cultures comme le riz et le blé – ont été détruits et le nombre de têtes de bétail tuées est estimé à plus de 733000. Les inondations auront également des répercussions néfastes sur l’approvisionnement alimentaire du pays voisin, l’Afghanistan.
En Somalie: Le nombre des enfants malnutris ayant besoin de soins a quintuplé. Le mois dernier, le Bay Regional Hospital de Baidoa a admis 466 enfants, contre 82 en août 2021. Les enfants hospitalisés meurent s’ils ne reçoivent pas l’alimentation spécialisée dont ils ont besoin.
En Syrie: Les taux de l’insécurité alimentaire ont grimpé de plus de 50% depuis 2019. Aujourd’hui, les deux tiers de la population syrienne – soit 12,4 sur 18 millions – ne peuvent pas subvenir à leurs besoins alimentaires quotidiens. Les effets combinés de plus de dix ans de conflit et des sanctions ont réduit à néant le pouvoir d’achat de la population. Les prix des denrées alimentaires ont quintuplé au cours des deux dernières années.
Au Yémen: La plupart des Yéménites doivent se contenter d’un repas par jour. L’an dernier, l’insécurité alimentaire touchait 53% de la population yéménite. Cette année, ce pourcentage est passé à 63%, ce qui représente quelque 19 millions de personnes. Les acteurs de l’aide ont été contraints de réduire leur assistance alimentaire, faute de fonds. De ce fait, quelque 5 millions de personnes reçoivent maintenant moins de la moitié de ce qu’il faudrait pour couvrir leurs besoins nutritionnels journaliers.
Note à l’intention des rédactions
Pour de plus amples informations, prière de s’adresser aux interlocuteurs suivants:
A l'IFRC Tommaso Della Longa, [email protected], +41 79 708 43 67
A l'IFRCJenelle Eli, [email protected], +41 79 935 97 40 Au CICRCrystal Wells, [email protected], +41 79 642 80 56
Au CICRJason Straziuso- [email protected], +41 79 949 35 12
Matériel audiovisuel disponible:
Photos sur la Corne de l’Afrique et b-roll
Photos sur les inondations au Pakistan et b-roll
Photos sur le programme de distribution d’argent liquide en Somalie et b-roll
Chocs climatiques au Kenya (b-roll)
Crise alimentaire dans la Corne de l'Afrique : Il est essentiel de répondre aux besoins des communautés nomades pour sauver des vies
Nairobi/Genève, 07 Septembre 2022—Près d'un million de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer à la recherche de nourriture et d'eau dans certaines régions de la Somalie et du Kenya, alors qu'une crise alimentaire catastrophique se poursuit. Plus de 22 millions de personnes sont sur le point de manquer totalement de nourriture dans la Corne de l'Afrique. La situation devrait s'aggraver au début de l'année 2023. Les communautés nomades sont particulièrement touchées par les pénuries alimentaires et la flambée des prix. Si la nourriture et les fonds permettront de résoudre une partie du problème, en l'absence d'un mécanisme fiable permettant d'apporter aux familles nomades une aide humanitaire cohérente et globale, la réponse du monde à la crise de la faim restera à la fois inefficace et insuffisante, a signalé aujourd'hui la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC).
Mohamed Babiker, chef de la délégation de l'IFRC au Kenya et en Somalie, a déclaré :
"Des millions de vies sont en danger. Mais alors que la communauté humanitaire accélère sa réponse, nous devons nous assurer que les erreurs des dernières décennies ne se répètent pas. Il est essentiel que l'aide ne soit pas seulement disponible, mais qu'elle atteigne également les bonnes personnes de manière efficace. La plupart des familles touchées sont issues de communautés pastorales, souvent nomades, et ne peuvent être atteintes que par ceux qui sont suffisamment proches d'elles pour suivre leurs mouvements et fournir une assistance continue. Une réponse locale est vitale."
Au Kenya, la plupart des régions en proie à l'insécurité alimentaire se trouvent dans les zones arides et semi-arides (ASAL), où les communautés pratiquent le pastoralisme et dépendent donc principalement de la viande et du lait pour leur alimentation et leurs revenus. Le manque de pluie a forcé les familles à quitter leurs maisons, à la recherche d'eau et de pâturages. En Somalie, les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par la crise car elles ont tendance à parcourir de longues distances à la recherche d'eau et de bois de chauffage. Elles sont également séparées de leurs familles et restent derrière avec le bétail tandis que les hommes et les garçons migrent à la recherche de pâturages et d'eau.
Babiker a ajouté :
"La réponse est confrontée à deux défis majeurs. Le plus important est le manque de ressources suffisantes pour acheter des articles de secours d'urgence. Cependant, même si vous disposez d'argent, vous devez être en mesure d'atteindre ces communautés nomades, de manière efficace et cohérente. Ce point est crucial. Nous appelons les partenaires et les donateurs à investir dans des institutions qui ont un accès fiable aux familles en déplacement."
Apporter une aide humanitaire aux familles qui se déplacent constamment est l'un des plus grands défis auxquels les travailleurs humanitaires sont confrontés. En réponse, les équipes du Croissant-Rouge en Somalie travaillent en étroite collaboration avec les communautés nomades, de sorte qu'il n'y a jamais de question sur le lieu d'acheminement de l'aide. Ces volontaires sont issus des communautés mêmes qu'ils servent. Avec les récentes informations selon lesquelles plus de 700 enfants sont morts dans des centres nutritionnels en Somalie, il est encore plus crucial que les organisations d'aide atteignent les personnes touchées dans leurs communautés avant que leur situation ne devienne critique, car certaines personnes affectées n'atteignent pas les centres de santé, ou arrivent lorsqu'il est trop tard.
Outre la nourriture, les personnes touchées par la sécheresse ont également besoin de services de santé. Lors de visites sur le terrain au Puntland et dans d'autres régions du pays, les équipes de l'IFRC et du Croissant-Rouge somalien s'occupent des personnes déplacées, épuisées et malades. Les équipes du Croissant-Rouge de Somalie, soutenues par l'IFRC, atteignent les communautés nomades avec des cliniques mobiles pour fournir des services de santé de base dans les régions reculées du pays. "Notre force réside dans notre réseau de volontaires, issus des communautés que nous servons. Ils comprennent le contexte culturel et les langues locales et ont une connaissance et une compréhension approfondies des communautés touchées", a déclaré M. Babiker.
Les équipes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se concentreront également sur la distribution d'argent liquide aux familles pour répondre à leurs besoins alimentaires, sanitaires et autres besoins urgents. L'argent liquide donne aux personnes la liberté de choisir ce dont elles ont le plus besoin pour aider leur famille à rester en bonne santé et est plus pratique pour les communautés nomades qui, autrement, devraient transporter de l'aide en nature lors de leurs déplacements. À ce jour, les équipes de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge au Kenya et en Somalie ont atteint, collectivement, au moins 645 000 personnes touchées par la sécheresse en leur fournissant des services de santé, une assistance en espèces, ainsi que des services d'eau, d'assainissement et d'hygiène.
Note aux éditeurs:De nouvelles photos et vidéos de haute qualité des régions de Somalie et du Kenya touchées par la sécheresse sont disponibles sur ce lien: https://www.ifrcnewsroom.org/
Pour plus d'informations, veuillez contacter:
A Nairobi: Euloge Ishimwe, +254 735 437 906, [email protected]
A Genève: Anna Tuson, +41 79 895 6924, [email protected]
«La faim est l'une des souffrances les plus indignes de l'humanité» : lutter contre l'insécurité alimentaire en Afrique et ailleurs
L'insécurité alimentaire n'est pas un phénomène nouveau. Mais la récente escalade de la gravité et de l'étendue géographique de la faim chronique est un sérieux motif d'alarme.
La crise de la faim est particulièrement ressentie sur le continent africain, où de nombreuses régions, notamment la Corne de l'Afrique, le Sahel et le lac Tchad, connaissent la pire crise alimentaire depuis des décennies.
Des millions de personnes sont confrontées à la faim en Afrique, ce qui a poussé l'IFRC à lancer des appels d'urgence pour les crises de la faim au Nigeria, en Somalie, au Kenya, en Éthiopie, au Niger et en Angola au cours de l'année écoulée.
En mai dernier, j'ai rencontré certaines des personnes concernées par la sécheresse dans le comté de Marsabit, au Kenyalors d'une visite des zones touchéesoù les niveaux de malnutrition sont parmi les plus élevés du continent.
J'ai pu constater de moi-même le niveau de souffrance causé par une grave pénurie de précipitations pendant quatre saisons consécutives, associée à une vulnérabilité préexistante dans certaines parties du comté. Les enfants, les jeunes mères et les personnes âgées sont les plus touchés et doivent faire face à la quasi-disparition de leurs moyens de subsistance.
Bien que cette crise de la faim soit, dans une large mesure, d'origine climatique, elle est également alimentée par les effets d'importants essaims de criquets, d'épidémies, de conflits et d'insécurité, et de ralentissements économiques, y compris ceux déclenchés par le COVID-19.
En outre, le conflit en cours en Ukraine perturbe le commerce mondial des denrées alimentaires, des engrais et des produits pétroliers, les prix des produits agricoles atteignant des sommets. L'Afrique de l'Est, par exemple, importe 90 % de son blé de Russie et d'Ukraine (source : PAM), et le conflit a entraîné d'importantes pénuries. La crise ukrainienne a également détourné l'attention et les ressources d'autres crises.
Si l'Ukraine est une crise extrêmement préoccupante, qui touche des millions de personnes, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue d'autres crises urgentes dans le monde. L'une d'entre elles, et non la moindre, est la détérioration rapide de la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions d'Afrique. L'heure tourne et il pourrait bientôt être trop tard pour éviter une tragédie généralisée.
La question qui devrait nous préoccuper tous est donc la suivante : que pouvons-nous faire, en tant que collectif humanitaire, pour éviter que l'histoire tragique du début des années 1980 ne se répète ?
Nous avons besoin d'une action urgente et massive pour intensifier l'assistance vitale à des millions de personnes au bord de l'effondrement, mais aussi pour s'attaquer de manière décisive aux causes profondes de cette crise par des engagements à plus long terme.
L'IFRC a un rôle important et unique à jouer. Grâce à notre portée et à notre expertise communautaires inégalées, à notre expérience humanitaire de plus de 100 ans, à notre capacité d'agir à la fois localement et mondialement, et au statut spécial de nos Sociétés nationales en tant qu'auxiliaires des pouvoirs publics, nous pouvons inverser la tendance. Mais nous avons besoin de ressources pour le faire.
Notre priorité immédiate collective est de rassembler un soutien pour sauver des vies, au sein et en dehors de notre réseau de l'IFRC, pour les six prochains mois,en accordant une attention particulière à la Corne de l'Afrique, au Sahel central et aux autres points chauds du continent.
Au cours de cette phase d'urgence, nous concentrerons notre soutien sur ce qui, nous le savons par expérience, fera le plus de différence dans la vie et les moyens de subsistance des personnes touchées : l'aide alimentaire, les programmes d'argent liquide et le soutien nutritionnel.
Parallèlement, nous élaborerons des programmes à plus long terme, en collaboration avec les Sociétés nationales intéressées, afin de nous attaquer aux causes profondes de l'insécurité alimentaire. Nous nous appuierons sur nos succès précédents et travaillerons en soutien aux plans et cadres des gouvernements pour restaurer la résilience des communautés les plus démunies, y compris les populations déplacées.
Tout ce que nous faisons sera étayé par des données solides et un engagement significatif des communautés, afin de garantir que notre réponse soit fondée sur des preuves et adaptée.
La faim est l'une des souffrances les plus indignes de l'humanité. Pour soulager la souffrance humaine, nous devons relever ce défi par une mobilisation et une action collectives, dans l'immédiat et à long terme.
Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de faire trop peu, trop tard.
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Depuis 2020:
Le réseau de l'IFRC a fourni une assistance alimentaire et des articles non alimentaires à 4,8 millions de personnes, en combinant toutes les opérations de réponse humanitaire (appels d'urgence, DREF et notre réponse COVID-19).
Plus de 20 Sociétés nationales africaines ont mis en œuvre des projets liés à la sécurité alimentaire dans le cadre de leur programmation régulière.
33 Sociétés nationales africaines ont augmenté leur capacité à fournir une assistance en espèces et sous forme de bons.
Cliquez ici pour en savoir plus sur le travail de l'IFRC en matière de sécurité alimentaire et de moyens de subsistance.
Vous pouvez également être intéressé par:
'Pour vaincre les crises alimentaires en Afrique, il faut commencer par une planification à long terme.' - Un article d'opinion paru dansDevex par le directeur régional de l'IFRC pour l'Afrique, Mohammed Omer Mukhier-Abuzein.
À cause de la faim, je suis ici" - reportage photo du magazine de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sur les réfugiés angolais qui fuient vers la Namibie en raison de la sécheresse et du manque de nourriture et d'eau qui en résulte.
Et faites défiler la page pour en savoir plus sur nos appels d'urgence en cours pour lutter contre l'insécurité alimentaire en Afrique et ailleurs.
Corne de l'Afrique : le Secrétaire Général de l'IFRC se rend au Kenya alors que la pire sécheresse en 40 ans menace des millions de personnes
Nairobi/Genève, 6 mai 2022— Le Secrétaire Général de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Jagan Chapagain, achève une visite de trois jours au Kenya et appelle à une augmentation massive de l'aide humanitaire et de l'assistance à long terme des communautés touchées par la crise alimentaire croissante dans la Corne de l'Afrique.
S'exprimant à la fin d'une visite à Marsabit, l'une des régions du Kenya les plus durement touchées par les effets de la sécheresse, M. Chapagain a déclaré :
"J'ai vu de mes propres yeux le niveau de souffrance causé par la sécheresse à Marsabit. Il y a des niveaux de malnutrition hautement inacceptables, un taux de malnutrition aiguë globale (MAG) de 53,6 % dans ce quartier particulier - l'un des plus élevés d'Afrique. La situation se détériore rapidement. Nous avons besoin d'une aide humanitaire immédiate pour atteindre les plus vulnérables. Nous avons également besoin de solutions à long terme pour faire face à l'impact du changement climatique, notamment en investissant dans des moyens de subsistance résilients."
Le Kenya, l'Éthiopie et la Somalie sont confrontés à une crise humanitaire de grande ampleur, induite par le climat et prolongée. Plus de 14 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire et ont un besoin urgent d'aide humanitaire, dont au moins 5,5 millions d'enfants souffrant de malnutrition aiguë. 6,1 millions de personnes en Éthiopie et 4,1 millions de personnes en Somalie ont un besoin urgent d'aide humanitaire. Au Kenya, 3,5 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë, les terres les plus arides et semi-arides de l'est et du nord du Kenya connaissant des conditions de sécheresse critiques. Cette catastrophe silencieuse a été éclipsée - et dans une large mesure amplifiée - par la crise ukrainienne.
"Il n'y a pas que l'eau et la nourriture dont les personnes ont besoin. En arrière plan, il y'a des problèmes invisibles tels que les violences sexuelles basées sur le genre, et les profondes repercussions sur la santé mentale. Un exemple qui a été donné des femmes qui marchent plus de 40 km pour pouvoir avoir de l'eau potable, cce qui se passe pendant leur voyage est impensable" a ajouté M. Chapagain.
Dr Asha Mohammed, Secréraire Général de la Croix-Rouge Kenyanne, présent également à Marsabit a déclaré:
"Le fait que les habitants de Marsabit aient perdu plus de 70 % de leur bétail, qui est leur principale source de revenus, signifie que le chemin vers le rétablissement sera long et lent. Nos équipes jouent un rôle central dans la réduction des risques auxquels les familles sont confrontées. Elles ont fourni une aide en espèces, une aide alimentaire et amélioré les pratiques de traitement de l'eau, mais la nécessité de réhabiliter les systèmes d'eau reste urgente. Nous appelons tous nos partenaires et parties prenantes à soutenir nos efforts."
En réponse à la situation de faim et de sécheresse au Kenya, en Somalie et en Éthiopie, l'IFRC, la Croix-Rouge du Kenya, la Croix-Rouge éthiopienne et le Croissant-Rouge somalien lancent un appel conjoint de 39 millions de francs suisses. Ce financement permettra aux volontaires et au personnel de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de venir en aide à 1 560 000 personnes en intensifiant leurs activités d'urgence, d'assistance humanitaire et de relèvement et en s'attaquant aux causes profondes de l'insécurité alimentaire.
Cette stratégie est conforme à l'initiative panafricaine Faim Zéro de l'IFRC, qui adopte une approche holistique de la sécurité alimentaire, en intégrant des interventions spécifiques en matière de nutrition rapide, de sécurité alimentaire et de soutien aux moyens de subsistance pour les ménages et les communautés en situation d'insécurité alimentaire aiguë, dans le cadre d'une stratégie à long terme visant à atteindre la faim zéro et un redressement durable.
"La nourriture est un besoin fondamental de la population. Nous demandons à tous les gouvernements d'Afrique de s'assurer qu'ils disposent du cadre politique adéquat pour faire face à la sécheresse", a déclaré M. Chapagain.
Pour solliciter un entretien avec des représentants de l'IFRC ou de la Croix-Rouge du Kenya, ou pour plus d'informations, veuillez contacter :
En Nairobi:
IFRC - Euloge Ishimwe, +254 731 688 613, [email protected]
Croix-Rouge kenyanne - Peter Abwao, +254 711 590911, [email protected]
A Genève:
IFRC – Benoit Carpentier, +41 79 213 2413, [email protected]
Croissant-Rouge de Somalie