« Sur la rive de la mort, ton voyage a pris fin.
Ton petit cœur, encore tendre, n’a pas pu résister.
Il était empli d’amour, débordant jusqu’au dernier souffle.
Tu es partie, ma belle, ma petite… »
Ce sont les mots douloureux d'un père en deuil, écrits dans les heures qui ont suivi l'arrêt cardiaque de sa fille de sept ans, peu après qu'elle ait elle-même été sauvée d'un bateau en détresse au milieu de la mer Méditerranée.
Elle s'appelait Rahaf et venait d'être amenée avec sa famille à bord du navire de recherche et de sauvetage Ocean Viking, géré par SOS Méditerranée et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC).
Peu après le sauvetage, Rahaf, qui souffrait d'une maladie cardiaque sous-jacente, a fait un arrêt cardiaque. Après avoir été réanimée par l'équipe à bord, elle a été héliportée vers un hôpital de Malte. Malheureusement, elle n'a pas survécu au voyage et est décédée dans l'hélicoptère.
Plongé dans le chagrin, son père a mis des mots sur sa douleur, qu'il a inscrits au stylo à bille sur une simple feuille de papier blanc. Il a ensuite demandé que ce poème et l'histoire de sa fille soient partagés avec le monde entier, en hommage à sa fille et pour attirer l'attention sur la situation des personnes qui traversent la Méditerranée.
Cette famille de quatre personnes faisait partie d'un groupe de 92 migrants sauvés d'un bateau en détresse en Méditerranée centrale, près de Malte.

Le poème qu'un père a écrit à la main sur une feuille de papier blanc pour sa fille de sept ans, décédée des suites d'un problème cardiaque peu après avoir été sauvée en mer.
Photo: Charles Thiefaine/SOS MEDITTERRANEE
Voici la version intégrale du poème du père :
« Sur la rive de la mort, ton voyage a pris fin.
Ton petit cœur, encore tendre, n’a pas pu résister.
Il était empli d’amour, débordant jusqu’au dernier souffle.
Tu es partie, ma belle, ma petite…
Ta douce voix s’est éteinte à jamais,
Laissant derrière toi un père, une mère et une sœur — perdus, errant entre mer et ciel.
Comment ton cœur si aimant a-t-il pu quitter les tiens si soudainement ?
Tu as supporté la dureté du voyage, la cruauté des vagues — Pour quoi ?
Pour une vie digne. Oui, tu l’as trouvée maintenant, Rahaf. Tu es dans le bonheur éternel.
Que ton âme repose en paix, mon amour. »
Un océan de souffrance humaine
Malheureusement, la mort de Rahaf n'est pas un cas isolé. La Méditerranée est l'une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. Rien qu'en 2024, au moins 115 enfants ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée.
Depuis 2014, plus de 31 000 migrants se sont noyés ou ont été portés disparus au cours de la dangereuse traversée de la mer Méditerranée.
Derrière chaque chiffre se cache une personne : un enfant, un père, une sœur, qui risque tout en quête de sécurité.

Les membres de l'équipage de l'Ocean Viking utilisent de petits bateaux à moteur pour sauver les migrants d'un bateau en détresse.
Photo: Charles Thiefaine/SOS MEDITTERRANEE
Pour éviter d'autres histoires tragiques et d'autres morts inutiles, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) reste engagée dans les opérations de sauvetage et travaille à bord de l'Ocean Viking pour veiller à ce que les personnes perdues et en détresse dans la vaste Méditerranée reçoivent les soins vitaux dont elles ont besoin, ainsi qu'un soutien psychologique pour les aider à surmonter les tensions qu'elles ont subies.
Soutenue par un appel d'urgence permanent pour appuyer ses opérations en Méditerranée, l'IFRC exploite ce qu'elle appelle un "point de service humanitaire" (PSH) à bord de l'Ocean Viking. Ce point de service humanitaire flottant et mobile offre plusieurs services essentiels, notamment des soins médicaux, un soutien psychologique et d'autres types de conseils pour aider les migrants à faire face à ce qu'ils ont vécu et à se préparer à ce qui les attend lorsqu'ils atteindront enfin un port européen et que de nouveaux défis se présenteront à eux.